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Gil Blas, 3 mars 1886

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Gil Blas
3 mars 1886


Extrait du journal

La semaine a été tout entière aux évocations du passé. Ici on a joué Hamlet, là on a fait parler Voltaire,Corneille et Racine. Nous avons été ramenés au culte de nos gloires, anciennes et récentes, et aussi au culte des gloires de l'étranger. Ceci est fort bien et digne de Paris. Il y a des moments où il est bon qu'on voie que le mouvement intellectûel de la capitale n'est pas tout entier du côté du scandale ou- d'une turlutaine, ou encore d'un cancan de coulisse ou d'une sottise de la politique. Seulement, je voudrais que le culte du génie, le plus noble des cultes, fût toujours chez nous un culte libre, exempt de superstition. Les dieux et les demi-dieux littéraires doivent rester des dieux éternellement discutés, pour rester des dieux vivants et ne pas passer à l'état de fétiches et d'idoles de bois. L'admiration est la plus belle faculté de l'esprit humain.. Mais elle ne dispense pas de la critique. Sans celle-ci, l'admiration n'est qu'une habitude commode, qui dispense de réfléchir, satisfait notre paresse et parfois aussi notre curiosité, finissant par devenir, quand elle est banale et commune, une forme hypocrite d'une indifférence réelle....

À propos

Fondé le 19 novembre 1879 par Auguste Dumont, Gil Blas détonnait parmi les publications du Paris fin-de-siècle. Sa ligne éditoriale grivoise, littéraire et ouvertement mondaine charmait ses lecteurs, souvent citadins.

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