Extrait du journal

0 la place d'armes qui s'élargit comme une solitude immense et vide entre les troupes alignées ainsi que pour la parade, les sabres au clair, les épéesbaïonnettes, les cuivres qui luisent d'étincelles aveuglantes, le soleil qui flambe, et au milieu de ces soldats immobiles, loin, bien loin de tous, tel qu'un lépreux abandonné, le malheureux qu'attend l'outrage suprême, la dégradation brutale et inexorable! 0 ce grand silence épeurant, tandis qu'un greffier lit d'une voix dure l'arrêt du conseil de guerre, puis arrache un à un à l'uniforme du condamné les boutons, les galons d'or ou de laine, les épaulettes, le numéro du régiment et itout à coup, les clairons qui strident en une fanfare aiguë, les tambours qui battent en de sourds roulements tandis que le déchu passe la tête courbée devant les bataillons, s'en va d'un pas d'ivrogne sous les regards incléments des camarades, sans oser lever les yeux, les bras ballants et les joues blanches !...