Extrait du journal

Les bons négociants ont coutume, aux jours où nous sommes, de dresser leur inventaire, de faire le bilan de leurs pertes et de leurs gains ; et, selon le résultat, ils marquent l'année, dans l'histoire de leur maison, d'un caillou noir ou d'un caillou blanc. C'est une bonne et sage coutume, que les nations gagneraient beaucoup à suivre. Voici le Parlement en vacances. Il se fait, dans les luttes des partis, à cette époque de l'année, une accalmie que les travailleurs imposent aux rêveurs, aux bavards ou aux intrigants. On peut, sans préoccupation trop immédiate, regarder en arrière, voir si on a vraiment avancé dans la voie du progrès, si on a reculé d'aventure ou si on a piétiné sur place, ce qui est le plus ordinaire. On peut juger ceux qui nous gouvernent et aussi nous-mêmes, qui les choisissons et qui sommes, par là, responsables devant l'avenir et devant l'histoire. Et ce jugement porté, ce bilan établi, nous devons, comme les négociants, inscrire l'année qui vient de s'écouler parmi les bonnes ou les mauvaises années, la marquer d'un caillou blanc ou d'un caillou noir....