Extrait du journal

Or, cet attrait que nous trouvons au prêtre, nous le trouvons aussi chez certains sages, par exemple chez M. Renan, le plus sacerdotal des philosophes. Comme un prêtre, M. Renan s'est mis en dehors des joies de la terre, afin de pouvoir en parler avec plus d'autoriié et de liberté, — de liberté surtout. Aux sacrifices qu'il a faits pour soutenir la cause de la raison, aux luttes qu'il a supportées, et qui n'ont pas été peu de chose, il semble qu'il ait attribué lui-même une récompense : le droit de dire tout ce qui lui vient à l'esprit et de faire connaître tout ce qui se passe dans son cœur. C'est ainsi que dans ses œuvres graves et légères à la fuis, qu'il qualifie lui-même de « divertissements », M. Renan se plaît à soulever, sous une forme souvent bizarre, les problèmes les plus délicats de la conscience et de la nature féminines. A ses hautes études historiques il fait succéder des rêveries qu'on a qualifiées de « pornographiques s, sans y rien entendre. Et comment n'écouterions-nous pas, avec intérêt ou passion, les discours de l'homme qui de l'amour de la religion en vient tout doucement à la religion de l'amour ?...