Extrait du journal

M. Orfitus habitait dans le quartier de l'Urgilète une maison d'apparence modeste, où il entassait et surveillait jalousement ses précieuses collections de pierres gravées, de bronzes, d'ivoires et de livres. Ce vieillard vivait seul ; il avait pour le servir deux esclaves silencieux et un cuisinier expert. Ses amis étaient peu nombreux ; c'étaient quelques sexagénaires, riches comme lui, qui avaient été mêlés autrefois aux mêmes tourments etqui partageaient son goût dela chère délicate. Il était égoïste comme un homme heureux.Il était de mœurs polies, affable et causeur; il montrait avecvanîté ses collections, parlait volontiers de sa grande richesse, et étalait avec une insolence naïve la satisfaction d'une vie qui avait toujours été favorisée par le sort, audelà des ambitions permises. Sa personne nette et bien portante eut témoigné sans besoin de paroles. Il n'avait point de vices manifestes,mais il était dépouillé de scrupules; il mesurait les choses et les gens au plaisir et à l'intérêt qu'il en pouvait retirer....