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Je suis partout, 9 mai 1936

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Je suis partout
9 mai 1936


Extrait du journal

Le 4 niai, vers deux heures de l'après-midi, mon coiffeur (le patron) me disait, d’un air triomphant : « Eh bien, vous voyez... il ne s est rien passé ! » f.’e-t un de cee petits commerçants 'radicauxnationaux qui, au deuxième tour, « ont voté » communiste «' pour que ça change » ! J1 n'était pas fier de son vote, dimanche eoir. Qui sait ? Les « réactionnai res > avaient peut-être rai son ? Il y aurait peut-être du « grabuge » si le « Front populaire » triomphait. Eh bien, il n’y eut pas de « grabuge », pas de couvents incendiés, pas de banques pillées ! Ce brave homme était dé livré d'un scrupule qui l’avait agité toute la nuit dans son lit. Sincèrement désolé du sourire scep tique que j’opposais à sa joie, il me dit, sur le seuil de sa boutique, en contemplant l’avenue en soleillée où, sous le vert clair des platanes, se croisaient toutes les figures résignées et confian tes d’un quartier populaire : « Vous voyez bien... Il n'y a rien, il n’y a rien eu... tout s’est bien passé. » Pour un peu, il m'aurait soutenu que Lenine avait pris le pouvoir avec une houlette à la main, que l’Espagne était une bergerie, et que les pho tographies publiées par les journaux « fascistes » n’étaient que d’odieux « truquages ». Notre conversation n’alla pas si loin. J'étais pressé et je me bornai à faire une allusion à l'influence qu’un gouvernement étranger, celui de Moscou, allait maintenant exercer directement sur les affaires de la France. Mon interlocuteur fit la moue et répondit textuellement : « On disait ça des socialistes avant la guerre-., ils prenaient, disait-on, leur mot d’ordre à Ber lin, comme on dit aujourd’hui des communistes qu’ils prennent leur mot d’ordre à Moscou... Eh bien, qu'est-il arrivé de mal ? » Le malheureux avait tout simplement oublié la guerre et ses 1.500.000 morts. Et c’est un an cien combattant ! Il avait oublié les 120 mil liards perdus pour l’économie française. Et il venait de se plaindre du poids des impôts ! Un de nos amis suivait dimanche soir, sur l’écran du Matin, la projection du résultat des élections. Il avait pour voisin un brave type en casquette qui applaudissait chacun des succès communistes. Surpris de la froideur de notre ami et s'avisant de son jeune âge il lui dit : Comme notre ami hésitait sur le sens à donner à cette apos trophe de ton sympathique et cordial, l’autre pré cisa : « C’est Hitler qui doit en faire une g.-.Je 1 » Et...?...

À propos

Anticommuniste, profasciste, antisémite et positivement favorable à Hitler, Je suis partout est le journal d’extrême-droite le plus violent jamais publié en France. Si violent que son directeur Arthème Fayard, fondateur des éditions Fayard, décide dès mai 1936 de cesser sa parution. À sa mort en novembre 1936, le journal est toutefois relancé par son fils et Pierre Gaxotte, futur membre de l’Académie Française.

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Données de classification
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