Extrait du journal

— Quelle est votre opinion ? — Toute simple. Nous sommes dans la guerre ; il faut la gagner et, pour la gagner, il faut accomplir les efforts nécessaires. C’est une niaiserie de répéter, comme font certains : « Drôle de guerre ! » ou bien : « Quand pensez-vous que la guerre commen cera ?» Un des nôtres, lieutenant d’infante rie, qui figure à notre tableau des mobilisés, vient de passer quinze jours aux avant-postes en Lorraine. Il nous a écrit. Je vous assure qu’il est, lui, convaincu que la guerre est commencée. Tous ceux qui ont quitté famille, foyer, métier pour aller patau ger dans ie boue, souffrir le froid et la crasse sont de est avis. Il n’existe pas de guerre mignarde, ni de guerre « drôle ». Il y a la guerre : c’est parce qu’elle n’est ni gaie, ni gentille, ni mignarde, ni drôle que nous vou* ! dirions le voir finir le plus tôt possible et j d’une manière qui nous donne la certitude ; d’une bonne période de tranquillité où l’on 1 pourrait enfin vivre un peu. Des journaux racontent qu'il se trouve | encore des gens pour croire qu'on pourrait j maquignonner une paix de compromis. Une i peht de «et ordre signifierait simplement j 'què'"Rôtis reconnaissons l'hégémonie de i f Allemagne en Europe et que nous accep- j tons pour nous-mêmes la ruine et le bolche- j visme. On vous demande de souscrire aux bons i d'armement : il faut souscrire aux bons d'ar- , mement. Et pas un peu, tant que vous pou* | ver. Notre armée a besoin d'un matériel formi* dable, d'un attirail apocalyptique de chars, d'obus, de canons, d'armes automatiques, d'une ferraille colossale et meurtrière : sous crivez eux bons d'armement. La victoire coûte cher : la défaite et l’invasion coûte* reienf plus cher encore. Si l'on vous dit d'économiser l'essence, économisez l'essence. Si l'on vous dit de recueillir les débris d'acier, les bouts de fer, les déchets d'alu minium ; arrangez-vous pour vous rendre utile ; aidez les comités qui organiseront la «basse. Si l'on vous dit un jour que le papier de vient rare et qu'on recueille les chiffons, con servez vos vieux journaux et remettez-les à ceux qui les collecteront. La guerre dévore des tonnes et des ton* j nés de métal, de pierre, de cuirs, de tissus. . Tout ce que nous arracherons à notre sol, 1 tout ce que nous produirons par notre tra vail, tout ce que nous épargnerons, nous i n'aurons pas à l'acheter à l'étranger. Vous j n'ignorez pas que nous importons déjà des . Etats-Unis et du Canada des avions, des mo- • leurs, des armes de toutes sortes. Nous im- i portons de nos colonies des denrées précieu ses que nous échangeons en d'autres pays ' centre d’autres armes, d’autres minerais et ' d'autres machines. Alors que le commerce j mondial était tombé à presque rien, notreflotte et le flotte britannique sont aujourd'hui surchargées de besogne : plus elles pourront aller et venir entre l'Amérique et l'Europe, j plus vite notre supériorité en matériel s'affir- ! mare. Moins nos bateaux transporte ront de produits secondaires, plus la victoire | sera rapide. Moins nous achèterons au de hors, plus nous garderons d'or au dedans. Plus nous garderons d'or, plus notre mon- l Mie sera solide. Plus la monnaie sera solide, moins le vie coûtera cher ; plus la vie sera normale, moins nous souffrirons pendant et «prés la guerre. Tout se tient. Aucun de vos actes n'est in différent. Aucune de vos paroles n'est sans portée. Ne pas s'associer à l'effort commun, c est prendre le parti de l'ennemi. Vous avez de l'argent, vous êtes seul dans la vie, ou marié sans enfant : pourquoi n'en voyez-vous pat do paquets à deux ou trois soldats ? Pourquoi n êtes-vous pas en train de ficeler...