PRÉCÉDENT

Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 1 juin 1888

SUIVANT

URL invalide

Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
1 juin 1888


Extrait du journal

Saint-Quentin, 31 mai. Les républicains se montrent fort émus des paroles prononcées par M. Tisza au Parlement hongrois. A la vérité, ce dis cours, dont la forme acerbe est certai nement maladroite, peut susciter de graves inquiétudes, mais l’étonnement est de trop. Il y a beau jour que l'Europe a no tifié à la République française que son gouvernement de fous et d’incapables n’était pas fait pour être supporté jusqu’à la fin des siècles. Et si quelque chose peut surprendre, c’est que la déclaration de M. Tisza n’ait pas été formulée, depuis longtemps, soit par lui, soit par ses collè gues européens. Que nous soyons mal gouvernés, que la représentation nationale soit aux mains de révolutionnaires dangereux pour nousmêmes et pour les autres, il n’est mal heureusement pas besoin de le démontrer, et les hommes sensés sont, à regret, una nimes sur ce point. Et l’on voudrait que l’étranger, qui n’a pas les mêmes raisons que nous de pallier nos fautes — nous allions écrire nos crimes — fût seul à ne pas s’aperce voir que la République, en même temps qu’elle perd la France, crée pour l’Europe un danger permanent ? Que la présence d un Hoquet à la tête du gouvernement est une menace; qu’un pouvoir révolution naire dans notre pays, c’est un tonneau de poudre qui menace la paix extérieure des peuples qui nous entourent ? Les républicains, moins que personne, ne sont en droit de s’attendre à tant de stupidité. Prévenus, ils l’ont été par la nation par l’étranger, même par leurs amis; ils l’ont été surtout et très loyalement par leurs adversaires. Quand la foudre éclatera, ils n’auront à s’en prendre qu’à eux-mêmes. Que surtout, ils ne rendent pas responsable de la catastrophe la France conservatrice et monarchique 1 Elle qui a répudié la guerre de 1870, et combattu ses auteurs, n’est pas disposée à prendre la responsabilité des erreurs de la République et des désastres qui peu vent s’eu suivre. Certes, au jour du danger, cette France opprimée fera son devoir. Mais,avant le jour où il lui faudra payer durement les fautes qu’elle n’a pas commises, contre les quelles depuis dix ans elle n’a cessé de protester, elle a le droit d’élever la voix et de qualifier de misérables et de traîtres ceux qui la vendent à l’ennemi intérieur en attendant qu’ils la livrent désarmée à l’ennemi extérieur. Loin donc d’en vouloir au chef du cabi net transleithan, la population française, qui souffre de la République et, plus tard, payera durement ses erreurs, devrait lui être reconnaissant de l’avertissement même discourtois donné à ses tristes ministres. Oui, l’Europe les méprise — pas plus que nous d’ailleurs ; elle craint leur action délétère, et comme elle a le droit incon testable de se défendre, elle les avertit que l’an prochain verra la fin de leur ac tion néfaste et de leur influence révolu tionnaire....

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
En savoir plus
Données de classification
  • tisza
  • pelletan
  • floquet
  • boulanger
  • constans
  • laffitte
  • ricard
  • lamarzelle
  • clémenceau
  • havas
  • france
  • paris
  • europe
  • angleterre
  • allemagne
  • birmingham
  • italie
  • alsace-lorraine
  • seu
  • zanzibar
  • la république
  • m. a.
  • faits divers
  • république française
  • parlement
  • europe 1
  • vive la république