PRÉCÉDENT

Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 10 août 1848

SUIVANT

URL invalide

Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
10 août 1848


Extrait du journal

étaient résultés des dissidences intestines du gouvernement depuis le 24 fé vrier. n’écoutant que ses senlimeiis de conciliation , et voulant éviter jus qu'à la plus légère apparence de réaction contre le passé , l’Assemblée avait conservé dans le pouvoir exécutif les principaux élémens du gouvernement provisoire. Annonçant ainsi ses généreuses intentions au milieu de l’attente , de l’an xiété publique, l’Assemblée Nationale , seule debout. Investie de celle puis sance que lui conférait le concours de dix millions de suffrages, s’apprêtait à remplir sa mission ; c’est a'ors qu elle est tout à coup violemment envahie, et que pendant trois heures, la majesté de son sanctuaire est profanée par les factions. Malgré cette attaque odieuse, l'Assemblée ne veut cependant pas se dépar tir du système de modération qu’elle avait adopté. Elle ne prescrit pas d’enquête , elle renonce à rechercher elle même sur qui doit porter la responsabilité de cet attentat. Une Constitution fondée sur les basvS les plus sincèrement démocratiques est préparée ; un de ses comités est spécialement Chargé de pourvoir à I amé lioration des travailleurs; les mesures se pressent à la triîJwOe et dans les co mités pour arriver à ce but ; on ne recule devant aucun sacrifice ; I Assemblée ne veut pas que la dissolution des ateliers nationaux , commandée plus en core par la dignité et la moralité des travailleurs que par les nécessités finan cières , laisse un seul instant la misère sans assistance. Et c’est à ce moment qu’éclate au milieu de Paris cette insurrection depuis long-temps préparée, qui a fait de cette noble et grande capitale un champ de bataille où, pendant quatre jours, on a vu les citoyens d’une même pa trie. les habitaus d'une même cité s’armer les uns contre les autres. Vous n'avez que trop conservé le douloureux souvenir de ces sanglantes col lisions ; nous vous en épargnerons le récit circonstancié. Les deux événemens ont cela de commun , qu’ils étaient dirigés contre la représentation nationale. Aux deux époques, c'était une minorité factieuse qui voulait s’imposer, par la violence, à la majorité; c’était une attaque de la forre brutale contre le droit, contre la souveraineté de la nation. Mais ces événemens différent en ce sens, que le but principal de la mani festation du 15 mai était de dissoudre l'Assemblée et d’élever sur ses débris une sorte de comité de salut public. C’est accessoirement que, dans leurs pro clamations et dans leurs décrets . les fauteurs de ce mouvement tendaient les mains au parti prétendu socialiste. Le milliard sur les riches n’apparut que tardivement et dut en quelque sorte céder le pas à la manifestation polonaise; en un mot, on peut dire t que cette première crise revêtit une forme plus politique que socialiste. Le 23 juin , au contraire, l'élément communiste, issu des conférences du Luxembourg, sorti tout armé du club des ateliers nationaux , a notoirement pris l’initiative : les affiches, les proclamations, les noms propres mêmes qui servent de drapeaux à l’insurrection , tout indique ce caractère. Nous avons fait porter notre information sur tous les indices, sur tous les faits qui paraissaient de nature à impliquer la présence et l’action des anciens partis dans ces criminelles entreprises; nous nous sommes attachés particu liérement à surprendre la trace de distributions d’argent qui auraient été faites au nom de ces parti*. Nos recherches sont restées sans résultats; et si des hommes isolés, mécontens du nouvel ordre de choses, se sont mêlés, directement ou indirectement, à ces agitations subversives, on peut affirmer qu’aucun plan, aucune vue d’ensemble ne révéle l’intervention active des pré tentions dynastiques. L’élément politique dominant au 15 mai n’a pas été étranger aux événe mens de juin, mais il est resté sur le second plan ; c'est ainsi que dans toutes ces tentatives qui, depuis le 25 février , ont menacé la représentation natio nale et la société, on trouve toujours ces deux partis combinant leurs forces, unissant leurs passions dans un but commun : celui de t aire violence à la ma jorité de la nation. Mais comme Ils partent de principes différens, comme ils répondent à des exigences diverses, que le lendemain même de la victoire ils seraient entre eux à l’état d’hostilité flagrante, ils ne se sont jamais encore complètement mêlés; et avant qu'une telle fusion puisse s’accomplir, la so ciété , avertie par de si cruelles épreuves, raffermie sur ses bases , pourra pré venir de nouvelles attaques, désarmer et décourager les factions, ou leur ré sister et les vaincre. Pour mieux préserver l’avenir, l’Assemblée a pensé dans sa sagesse que ce qu’elle n’avait pas fait le 15 mai, elle devait le faire aujourd’hui ; qu’après ce double et cruel avertissement, il ne lui était plus permis d'hésiler sur le devoir quelle avait à remplir envers la France : elle a voulu que les causes du mal fussent signalées au pays , et que la plaie lût sondée dans toute sa profondeur. C’est dans cet esprit qu'elle a ordonné l’enquête dont nous venons vous communiquer les résultats. Cause» générales. La commission ne désirait pas étendre sa mission , déjà immense par ellemême. Elle aurait voulu concentrer son enquête et preodre pour limite de ses informations le jour où l’Assemblée s’est trouvée réunie en face de la France. Nous avions bien des motifs pour nous imposer une telle réserve. Comment, en effet, juger avec impartialité et sans s’exposer ou à un excès de sévérité, ou à un excès d’indulgence , des faits , des actes qui se sont passés au milieu d’une tourmente révolutionnaire, dans le plein exercice d’une dictature iné vitable, en l’absence de toute force constituée? El, par dessus tout, le décret par lequel vous aviez jeté sur le passé la déclaration solennelle de la recon naissance du pays , n’aurait-il pas suffi pour nour Imposer un silence respec tueux devant les résolutions de l’Assemblée ! Mais les faits s’enchaînaient, comme les effets aux causes; et de même que l’Assemblée, dans sa haute Intelligence, a senti que le 23 juin pouvait se lier au 15 mai, que l’un pouvait servir à expliquer l’autre; de même, lorsque nous avons eu à rechercher les causes de l’attentat du 15 mai, avons-nous été trrésistiblemeul entraînés à remonter aux faits antérieurs à la réunion de VAssemblée. Cet exemple nous avait d’ailleurs été donné par les témoins que nous avions interrogés sur cette événement, et qui tous avaient éprouvé le besoin de le rattacher aux différens indices existant dans la période du gouvernement provisoire. Les membres de ce gouvernement n’ont pas pu échapper à cette direction et se sont les premiers d’eux-mémes engagés dans cette voie. Un des premiers devoirs du gouvernement provisoire était d'inspirer aux citoyens le respect le plus profond de l’Assemblée qui allait émaner du suf frage universel. Ce devoir, il faut le dire, n’a pas toujours été rempli comme il eût dû l’être. Entraîné par une erreur déplorable sur la situation vraie du pays, un par ti , dont nous regrettons de trouver la grâce dans les actes de certains mem bres du gouvernement provisoire, s’est efforcé trop souvent de provoquer dans le pays entier une agitation violente, un désordre social qui devait ame ner des catastrophes. Et en effet nous avons rencontré trop souvent, dans nos investigations, les marques funestes de l’impulsion désorganisatrice imprimée aux départemens par un certain nombre d'administrateurs dont plusieurs ont déjà été révoqués, dont quelques-nus, signalés par de funestes anlécédeus , étaient l’objet de l’indignation des populations. Nous avons constaté aussi l’action, moins publique , mais plus irrégulière encore, d’un grand nombre d’agens envoyés dans toute la France, au nom des clubs les plus dangereux ‘de la capitale, avec uue solde prélevée sur les fonds secrets du ministère de l’intérieur. La même erreur a dicté ces circulaires, ces bulletins qui ont si profondé ment ému le pays, et dont nous ne pouvons pas nous dispenser de replacer un fragment sons vos yeux. 16* Bulletin de la République (15 avril.) « Les élections, si elles ne font pas triompher la vérité sociale, si elles sont l’expression des intérêts d’une caste, arrachée à la confiante...

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
En savoir plus
Données de classification
  • arago
  • bauchart
  • lanjuinais
  • flandin
  • lamartine
  • ledru-rollin
  • rapp
  • caussidiére
  • odilon barrot
  • pougeard
  • luxembourg
  • france
  • paris
  • la somme
  • provo
  • belgique
  • l'assemblée
  • assemblée nationale
  • la république
  • cs
  • vive la république
  • ecole centrale