Extrait du journal

cer à l’extérieur ces entreprises ruineuses qui finirent par nous laisser tout meurtris sous leur chute. C’est seulement par la reprise des relations commerciales in terrompues depuis dix mois au détriment général de l’Europe , c’est par le développement du crédit réciproque que notre na tion veut se mettre en contact avec les autres nations. Tel est son désir, telle est son espérance. (Assemblée Nationale.) — La France s’est prononcée, et tout ce que nous savons déjà des secrets du scrutin nous démontre qu elle a rendu son arrêt sans hésitation et avec une majorité qui dépasse tout ce que l’on espérait. Louis-Napoléon est à cette heure le chef du gouvernement ; le suffrage universel l’a choisi comme président de la république. Nous avions bien raison de le dire : le doigt de Dieu s’est mon tré dans cette élection. L’avenir nous dira quelle était sa mission providentielle. Il; y a quelques jours encore on craignait de voir rassemblée nationale chargée de choisir le président et se prononcer contre la majorité relative au profit de ses sympathies. Ce danger n’existe plus : la majorité sera tellement imposante, qu’il ne restera plus à la chambre qu’à enregistrer le vœu du pays. , , Déjà il se fait dans cette assemblée un mouvement qui n’é chappe à personne. L’entourage des bancs ministériels s’éclair cit , les courtisans s’éloignent, la majorité prend une autre di rection: un vent d’Afrique l’avait courbée d’un côté, un autre vent du Nord l’incline dans un autre sens. La volonté du suffrage universel sera respectée. (Assemblée nationale.) LE SOLEIL DE DIMANCHE. Jamais, depuis longues années, le mois de décembre n’avait eu une aussi belle journée. Dès le matin, une brume transpa rente et tiède couvrait Paris ; le ciel était sans nuages, et les esprits les moins superstitieux ne pouvaient s’empêcher de le comparer à ce ciel pluvieux et glacé qui avait si abondam ment versé l’eau du baptême sur la Constitution naissante. Au jourd’hui le mois de décembre s’est fait mois de mai. Peut-être est-ce parce que l’espérance est un printemps. Voilà un jour qui marquera dans l’histoire, un jour qu’aura illuminé ce triple rayonnement : Un beau ciel, un grand peuple, un grand nom ! Peut-être sommes-nous des esprits superficiels , mais enfin nous trouvons qu’il est plus facile d’espérer par un beau temps. El d’abord n’est-il pas l’ami des souffrances? Nous estimons, quant à nous, que c’est un fait politique sérieux , un événement qui vaut la peine d’être enregistré, qu’une journée d’hiver où l’on peut dire: Les pauvres n’ont pas eu froid aujourd’hui! Gens graves, républicains d’étiquette, apprêtez-vous à rire ; nous dé clarons qu’un rayon de soleil vaut mieux pour la République que tous les discours de M. Cavaignac. Le soleil d’hier a permis au pauvre de se souvenir qu’il est citoyen. Le pauvre est descendu dans la rue, reconnaissant et sa tisfait. Confiance I confiance ! En jetant dans l’urne le nom de Napoléon, la main du peuple n’aura pas tremblé ! Influences mystérieuses, si vous voulez ! Mais à quoi tient la confiance? Le savez-vous, vous, les financiers pâlis sur des chiffres ? — Vous, les pratiques, qui bâtissez des théories et qui combinez des plans pour ramener le crédit ! Vous, les grands orateurs de tribune, qui n’emplissez avec vos calculs que les pages du Moniteur? Croyez-nous, uu jour de soleil fait plus vendre au commerce que toutes vos nuits de travail! Quand la Providence veut qu’un de ces jours-là soit précisé ment consacré à un grand acte politique, remercions-la ! car...