Extrait du journal

Du Journal de Saint-Quentin Paris, 20 avril. Il y a comme une accalmie dans la politique extérieure ; non que la situation s’améliore, la guerre est toujours considérée comme inévitable, seulement le manifeste du ezar ne sera publié que lundi prochain. C’est presque trois jours de répit ; on respire un peu, surtout à la Bourse, personne nerveuse et se laissant volontiers aller aux fugitives impressions du moment. C'est là ce qui vous expliquera la reprise de ces derniers jours. On ne regagne pas, sans doute, le terrain perdu, mais, petit à petit, ou remonte un peu la pente, sans trop se demander ce qui arrivera la semaine prochaine. Il est doux de se laisser ber cer par de calmes zéphyrs en attendant la tem pête. Cette tempête, la diplomatie le voit venir irré sistiblement et la prévoit un peu plus accentuée encore peut être qu’elle ne veut bien l’a vouer. On espère sans doute, au début, une loca lisation de la guerre entre la Russie et la Turquie. La Perse interviendra-t-elle contre le Sultan ? A vrai dire, on ne s’en occupe guère. Les sujets du sch&h ne sont pas gens bien inquiétants. Plus grave est la certitude où l’on croit être de l’in tervention de la Grèce et de la Roumanie. La Grèce battue, ce serait l'oeuvre de 1828 remise en question. La Roumanie entraînée dans un échec de la Russie, ce serait une nouvelle atteinte au traité de Paris, peut-être un prétexte à inter vention de l'Allemagne, car n’oubliez pas que le prince de Roumanie est un Hohenzollern... Tout cela complique étrangement le problème que va trancher la fortune des armes. Je ne quitterai pas ce sujet sans vous dire un mot d’un projet qui avait été agité ces jours-ci dans les sphères diplomatiques. Vous savez que le traité de 185# avait un article stipulant que deux puissances européennes en contestation sur l’exécution du traité, soumettraient le différend aux puissances co-signataires. On s’est demandé s'il n’y avait pas là un moyen de retarder le choc prévu, mais, comme dans la fable, personne n'a osé attacher le grelot. L’article dormira tout comme Homère. Ce sera seulement une suprême ressource pour tenter, quand l'occasion paraîtra favorable, une intervention médiatrice. Nous n'en sommes malheureusement pas là. Tel est, en résumé, l'état de la question exté rieure. C’est, du moins, tout ce que je puis vous en dire. Vous connaissez l’article publié par la Gazette nationale de Berlin, sous le titre de la Panique en France, article évidemment publié par ordre. Je n’insiste pas sur la portée des déclarations qu’il contient. Dans le monde politique on regarde cet article comme ayant le caractère d’un aver tissement de l’Allemagae à la France et ou y voit une obligation de se montrer plus réservé et plus prudent que jamais. Aussi, pouvez-vous être certain que, dès la reprise de la session, soit spontanément, soit sur interpellation concertée d’avance, le duc Decazes fera à la tribune des deux Chambres une déclaration très-nette,^ trèsprécise. affirmant l’expresse volonté de la 1 rance de garder la neutralité. Vous avez remarqué que,dans le dernier mou...