Extrait du journal

SEMAINE POLITIQUE Chambre. — Il est inutile, — quoique ce soit chose facile, — de préjuger le sort réservé à l’impôt sur le revenu. Le projet a été tellement revu, corrigé, amendé, qu’il n’en reste guère que le principe ; et, même sur ce point essentiel, les opi nions se produisent avec une divergence qui fait présumer des débats aussi longs que passionnés. Ce gros marmot montre les dents à tout le monde ; et bientôt cha cun s’empressera d’en renier la paternité. Avant la discussion générale, M. Coûtant a exprimé la pensée de bon nombre de ses collègues en déclarant qu’il ne volerait pas ce projet, parce qu’il frappe surtout les travailleurs. M. Lacombe a cité divers cas dans les quels de petits commerçants et des culti vateurs, bien loin d’étre dégrevés, sont, d’après l’application du projet, augmen tés du tiers de l’impôt. M. Plichon estime que l’impôt atteindra surtout les fortunes moyennes et qu’il ne rendra pas en France, où la fortune est très divisée, les résultats qu’il a donnés en Angleterre. M.Fouquet a dit que cet impôt vexatoire, s’il était voté, soulèverait les populations et déchaînerait la guerre civile. Le ministre Bouvier, lui aussi, lui a fait grise mine, et ne s’est nullement gêné pour exprimer l’opinion que, au lieu d’aborder un débat qui, de longtemps, n’aboutira à aucun résultat, il eût mieux valu continuer sans entraves la discussion du budget. Les Zévaès, les Jaurès, ont défendu, à grand renfort de belles phrases, le projet qui leur est cher. Leur thèse eût été ad missible, si l’impôt sur le revenu devait remplacer les autres impôts qui frappent les revenus de toute provenance ; or, ce ne sera pas un impôt de remplacement, mais un impôt de superposition. Voilà ce...