Extrait du journal

Montélimar, le 7 février 1885. Le gouvernement dont M. Ferry dirige les oscillations vient de changer encore une fois d’avis. La semaine dernière, on abandonnait le scrutin de liste ; aujourd’hui l’on s’y rac croche avec énergie. Par un vote, la majorité du Palais-Bour bon a supprimé le scrutin secret jusqu’à nouvel ordre. Quatre cents voix ont prêté leur appui à cette proposition, la majorité ministérielle étant grossie par les dissidents de la gau che auxquels déplaisait le scrutin secret. Donc le rétablissement du scrutin de liste sera voté. Il aura les quatre cents voix qui ont supprimé le vote au scrutin secret. La girouette gouvernementale est clouée dans une direction déterminée. Il paraît que l’affaire ne s’est pas con clue sans tiraillements. Des colloques tout à fait grotesques ont égayé les couloirs du Palais législatif. Cer tains députés se plaignaient de ce qu’on voulait porter atteinte à leur conscience, à leur indépendance ! On eût dit Monsieur Cardinal, le père de la danseuse, parlant de sa dignité et de ses devoirs de père au vieux baron qui entretient Mademoiselle sa* fille. Le député de la majorité veut bien que le gouvernement l’entretienne, mais il lui répugne de porter ouvertement la livrée ministérielle....