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Journal de Roanne, 7 mars 1941

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Journal de Roanne
7 mars 1941


Extrait du journal

Le Grand discours de Saint-Etienne A Saint-Etienne, samedi, du balcon de l’Hôtel de Ville, le Maréchal Pétain a pro noncé une allocution d’une importance exceptionnelle. En voici le texte ; Mes chéri amis, je me proposais de parler hier à la radio. On m'a fait observer que le sujet que je devais traiter intéressait l’industrie et lorganition sociale, et on m'a demandé de retarder ma communication d’un jour et de la réserver à Saint-Etienne. Celte communication s'adresse aux ouvriers, aus^ techniciens et aux patrons : POUR FAIRE DISPARAITRE LA LUTTE DES CLASSES Ouvriers, techniciens, patrons, dans mon message du 10 octobre dernier, je vous ai dit que l'on ne peut faire disparaître la lutte des classes, fatale à la nation, qu'en faisant disparaitre les causes qui ont dressé ces classes les unes contre les autres. Ces causes, c’est la menace du chômage, c’est l’an goisse de la misère qu’elle fait peser sur vos foyers ; c’est le travail sans joie de l’ouvrier sans métier, c’est le taudis dans la cité laide où il passe les hivers sans lumière et sans feu ; c’est la vie de nomade, sans terre, sans toit. Telle est la condition prolétarienne. Il n’y aura pas de paix sociale tant que durera cette injustice. En ce qui concerne l’organisation professionnelle, un texte de loi si pajfait qu’il soit, est impuissant à accomplir une réforme de cette ampleur. La loi ne saurait créer l’ordre social ; elle ne peut que le sanctionner dans une institution après que les hommes 1 ont établi. Le rôle de l’Etat doit se borner ici à donner à l'action sociale son impulsion, à indiquer les principes et le sens de celte action, à stimuler et orienter les initiatives. En réalité, les causes de la lutte des classes ne pourront être supprimées que si le pro létaire qui vit, aujourd’hui, accablé par son isolement, retrouve, dans une communauté de travail, les conditions d'une vie digne et libre, en même temps que des raisons de vivre et d’espérer. Cette communauté, c'est l’en treprise ; la transformation peut, seule, fournir la base de la profession organisée, qui est elle-même une communauté de communautés. Cela exige qu une élite d’hommes se donnent à cette mission ; ces hommes existent, parmi les patrons, les ingénieurs, les ouvriers. C’est à eux, d’abord, que je fais appel. Je leur demande : 1" de se pénétrer de la doctrine du bien commun audessus des intérêts particuliers, de s’instruire des méthode d’organisation du travail capables de permettre à la fois un meilleur rendement et plus de justice, en donnant à chacun sa chance dans l'entreprise .et dans la profes sion ; 2° de s’informer des réalisations sociales qui existent déjà et que des hommes clairvoyants et généreux ont su accomplir en dépit des difficultés de tous ordres qui. dans le passé, entravaient leurs efforts. Ainsi, peu à peu, et par l’action de tous, une œuvre définitive s’accomplira, sous l’autorité et avec l’encouragement de l’Etat. DES COMITES SOCIAUX REUNIRONT PATRONS TECHNICIENS ET OUVRIERS Pour entreprendre cette œuvre fondamentale, qui sera la vôtre, une large enquête sera faite, à laquelle prendront part tous ceux qui veulent se dévouer à la grande cause de la paix sociale dans la justice. Tous les tra vailleurs, qu'ils soient patrons, techniciens, ouvriers, sont aux prises chaque jour avec ues difficultés nouvelles, conséquence de la situation présente de notre pays ; il est donc urgent qu ils aient la possibilité de défendre leurs* intérêts légitimes, d’exprimer leurs besoins et leurs aspirations. Il est indis pensable de créer des organismes qui puissent résoudre vite les questions1 posées ou, s'ils ne peuvent les résoudre eux-mêmes, donner à l’Etat les moyens de le faire sans que ces décisions soient paralysées par une connais sance insuffisante des problèmes ou par une organisation administrative trop lente à se mouvoir. Tel devra être l’objet d'une première loi sur l’organisation profession nelle. Cette loi créera des organismes simples qui ne seront pas des organi sations de classes mais des comités sociaux où patrons, techniciens et ouvriers rechercheront ensemble les solutions des problèmes actuels dans une com mune volonté de justice, dans le souci constant d’apaiser par l’entr’aide les misères et les angoisses de l'heure. « OUVRIERS, MES AMIS, N’ECOUTEZ PLUS LES DEMAGOGUES » Travailleurs français, je vous demande d’entendre mon appel, sans doute, sans votre adhésion enthousiaste à l’œuvre de reconstruction sociale, rien de grand ne peut être fait ; sachez vous y donner avec un désintéresse ment total. Ouvriers, mes amis, n écoutez plus les démagogues ; ils vous ont fait trop de mal ; ils vous ont nourris d’illusions ; ils vous ont tout promis. Souvenez-vous de leur formule : « Le pain, la paix, la liberté » ; vous avez eu la misère, la guerre et la défaite. Pendant des années, ils ont injurié et affaibli la patrie, exaspéré les haines, mais ils n’ont rien fait d'efficace pour améliorer les conditions des travailleurs parce que, vivant de leur révolte, ils avaient intérêt à encourager ses causes. « INGENIEURS, VOUS ETES DES CHEFS » Ingénieurs, vous avez pensé trop souvent qu'il vous suffirait de remplir avec conscience votre fonction technique ; vous avez plus à faire, car vous n'ètes pas seulement des techniciens, vous êtes des chefs. Comprenez bien le sens et la grandeur du nom de chef. Le chef, c’est celui qui sait à la fois se faire obéir et se faire aimer ; ce n'est pas celui qu'on impose, c’est celui qui s'impose. N'oubliez pas que, pour commander aux hommes, il faut savoir se donner. « RENONCEZ A LA HAINE » Patrons, parmi vous beaucoup ont une part de responsabilité dans la lutte des classes. Votre égoïsme et votre incompréhension de la condition yrclétaricnne ont été trop souvent les meilleurs auxiliaires du communisme. Je ne vous demande pas de renoncer à tirer de vos entreprises le bénéfice légitime de votre activité, mais je vous demande d’être les premiers à com prendre vos devoirs d’hommes et de Français. Ouvriers, techniciens, patrons, si nous sommes aujourd'hui confondus dans le malheur, c'est qu’hier vous avez été assez fous pour vous montrer le poing. Cherchez au contraire à vous mieux connaître : vous vous en esti merez davantage, vous aurez confiance les uns dans les autres, vous résou drez ensemble le grand problème du travail et de l’ordre social. Renoncez à la haine, car elle ne crée rien : on ne construit que dans l’amour et dans la joie En faisant de la France une société humaine, stable, pacifiée, vous serez les meilleurs artisans du redressement de la patrie....

À propos

Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.

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