Extrait du journal

de la société, fort même pour les intérêts de sa propre ambition , dans ce qu’elle a de légitime, pour la consolidation de son autorité, !a régularisation et la prolongation de ses pouvoirs! Il est vrai que la majorité qui lui aurait prêté celle force, ne la lui accordait qu’à certaines conditions, qu’il n’a point voulu accepter, aimant mieux encore être indépen dant que d’être fort. Mais à quoi lui servira cette indépendance, dont il s’est montré si jaloux, si, pour la conserver, il s’est affaibli au point de n’en pouvoir user ? Le vote de vendredi a eu sa contre-partie le lendemain et a mis en évidence la situation fausse des pouvoirs. En effet, l’Assemblée a adopté par 305 voix contre 299 l’ordre du jour de la droite rap pelant le ministre de l’intérieur à la pratique de la loi pour n’avoir pas réprimé les adresses des conseillers municipaux qui sont des mani festations illégales et coupables. Le blâme infligé à M. Victor Le franc a déterminé sa démission. Voilà donc la responsabilité ministérielle établie sans retard, ainsi que le demandait la commission et contrairement aux conclusions de la proposition qui était patronnée par le gouvernement. Il ressort évidemment de ce fait, ainsi que nous l’avons démontré plus haut, que la majorité obtenue par M. Thiers n’a été qu’une majorité factice et de circonstance. C’est la tactique actuelle des officieux de représenter la droite comme résolue à l’op position systématique. Ces assertions sont dépourvues de fondement. Le langage qu’on prêle dans certains journaux aux membres de,la droite n’a jamais été terni. Ce n’est pas les 305 qui accepteront jamais de faire de l’opposition systématique. Non, le jeu de la droite est plus loyal, cl à la fois plus simple. Combattre le gouvernement toutes les fois qu’il lui semblera se laisser aller à sacrifier à l’esprit révolutionnaire, le soutenir, et le soutenir avec bien plus de désintéressement que la gauche, toutes /es fois qu’il présentera un projet ou fera un acte véritablement con servateur ; voilà la mission de la droite et voilà aussi ses intentions. L’Assemblée nationale a repris lundi la discussion générale du budget ; elle ne l’a pas poussée bien loin , un membre de la gauche, M. Journault , ayant cru devoir prononcer contre l’élection de M. Martin, — qui n'en a pas moins été validée, — un long discours qui a occupé, sans profit pour per sonne, uue notable partie de la séance, ce qui n’empêche pas les journaux présidentiels de prétendre que ce sont les membres de la droite qui ne veulent point s’occuper du budget. « Et les affaires, s’écrie le plus complai samment officieux de tous les officieux, com ment vont-elles au milieu de tout cela ? » Assez mal probablement. Mais à qui la faute, et qui a te plus contribué à les faire aller mal que ceux qui, dans leur maladroit dévouement au gouvernement, se sont appli qués à faire naître par des propositions in tempestives le conflit puis à le grossir autant que possible, et à le transporter de la Cham bre, où il devait recevoir sa solution, devant...