PRÉCÉDENT

Journal de Roanne, 15 novembre 1868

SUIVANT

URL invalide

Journal de Roanne
15 novembre 1868


Extrait du journal

vita à venir en Afrique. La souffrance a sa pudeur comme le plaisir. Ainsi, pour se soustraire à l’attention indisciètc de ses amis, de Bellebrurte se mit en route machinalement, laissant son corps aller au hasard, car, hélas!... il le savait, sa pensée ne se déplacerait jamais. Il passa six mois hors de France. Il n’avait point oublié, mais sa douleur avait revêtu un autre caractère. 11 cau sait souvent de sa femme, et même il en était venu à se créer cette illusion de considérer son absence comme une séparation momentanée. 11 en rêvait souvent; puis il se plaignait de ne point la voir apparaître la nuit, ainsi qu’elle le lui avait promis. — C’est sans doute à cause de la distance, disait il naïvement à son frère. La mer nous sépare et elle n’ose la franchir. Ah ! je suis coupable d’être venu si loin ; elle croit peut-être que je la fuis. Heureusement que je la reverrai à P tris. Or, il arriva de France des nouvelles de famille qui le forcèrent à partir en compagnie de Maxime. Le décès d’ime parente exigeait leur présence. Ils firent donc route ensemble, ctMaxime, qui ne cherchait point à détourner le cours des pensées de son frère, avait de Mélanette tellement plein la tète, qu’il en vint à l’aimer et à la regretter presque autant que son mari. Arrivés à Paris, ils s’occupent aussitôt de leurs affai res «le tamille. Un jour, leur notaire ayant un acte à dresser, réclama une pièce qui avait dû être remise dans le temps à Henri: celui-ci la chercha, mais vaiuemeut. Alors il se souvint qu’elle faisait partie d’un dossier placé par lui dans un menhle de la chambre qu’occupait sa jeune femme, aux Saules. Le notaire déclara que cet acte était indispensable et qu’il fallait se le procurer. De son côté, Henri fil entenbre qu’il était inutile d’insister à ce sujet, car jamais il ne se déciderait à retourner dans l’apparlment où la vicomtesse avait rendu le dernier >oupir. — Je suis sur que je la reverrais!..# disait-il. Elle me présenterait comme autrefois ses cheveux, et cette ap parition renouvellerait toutes mes douleurs. Non, jamais je ne retournerai aux Saules. Maxime, naturellement, offrit d’y aller à sa place. On lui remit les clef et il monta à cheval. — Ny couche pas, lui dit son frère, car tu la verrais cette nuit!... Le capitaine sourit de la naïveté confiante du pauvre...

À propos

Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • marine
  • coste
  • de quatrefages
  • heurtier
  • lestiboudois
  • roanne
  • saules
  • la loire
  • paris
  • france
  • afrique
  • nièvre
  • allier
  • creuse
  • indre
  • académie des sciences