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Journal de Roanne, 16 juin 1872

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Journal de Roanne
16 juin 1872


Extrait du journal

■Bulletin. L’article 37 de la loi du recrutement est voté et avec lui on peut dire que la loi l’est aussi. Cet article oblige tout Français à faire partie de l’armcc active pendant cinq ans; de la réserve de l’armée active pendant quatre ans; de l’année territoriale pendant cinq ans; de la réserve de l’armée territoriale pendant six ans. Il implique en outre, pour le gou vernement la faculté de renvoyer un certain nombre de soldats dans leurs foyers, après un an, six mois ou même moins, pour s’y tenir à la disposition du ministre. Il avait une telle importance, nori-soulement au point de vue des particuliers, mais encore au point de vue de l’intérêt général cl de l’efficacité du régime nouveau inauguré par cette loi, que plusieurs séances ont été remplies par les divers orateurs qui ont pris la parole pour ou contre*. L’amendement proposé par le général Trochu, de concert avec MM. Raudot, Keller et Chevandier, pour fixer à trois ans la durée durée du service, a clé rejeté par 462 voix contre 228, après le remarquable discours prononcé par M. Thiers. La gauche a tente une nouvelle lutte h propos de l’amendement du général Chareton, soutenu avec beaucoup de talent par son collègue le général Guillemont,eu faveur d’un service actif de quatre ans. A la séance du 10, M. Thiers est remonté à la tribune et a été entraîné à poser une seconde fois la question gouvernementale. Il a déclaré que si on ne lui accordait pas les cinq années de service, il refusait de faire exécuter la la loi : « Si chacun, a-t-il dit, a droit à la liberté de sa conscience, j’ai aussi droit à la liberté delà mienne / Or, j’ai parlé comme un homme qui obéit à une conviction profonde. Votre responsabilité est limitée; la mienne est im mense. Vous avez honoré des ministres qui ont dit à un roi qu’ils aimaient et respec taient qu’ils ne pouvaient suivre telle ou telle politique qu’ils n’approuvaient pas. Eh bien, je suis en présence de l’Assemblée, qui est fdus qu’un roi, qui est la nation même, et je ui déclare que je ne puis me soumettre à pra tiquer ce que je crois dangereux. » La menace a produit son effet et l’Assem blée souveraine s’est inclinée. L’amendement Cbareton a été repoussé par 495 voix contre 59. La gauche s’est abstenue. Le contre-coup de l’agitation que cette crise si inattendue a fait éclater dans la Cham bre se fait sentir dans la presse et dans l’opi nion publique. De pareils incidents ne sont faits ni pour calmer les passions politiques ni pour augmenter la confiance dans l’avenir. Le résultat des élections dans le Nord, dans la Somme, dans l’Yonne et en Corse est aujourd’hui connu.MM. Deregnaucourt, Barni, Bert et Abatluci ont été élus. 11 faut lire attentivement, depuis quelques jours les feuilles radicales; les élections du 9 juin les ont mises en grande joie, et à les entendre la France appartient désormais au parti qui compte dans ses rangs MM. Barni, Deregnaucourt et Paul Bert. Ces journaux ne se contentent pas de constater, ce qui est vrai, que la fraction avancée de l’Assemblée nationale est renforcée de trois députés; ils ajoutent que le moment est venu pour les républicains de leur nuance de provoquer par tous les moyens possibles une dissolution qui leur mettra le pouvoir entre les mains, et de ne plus tenir aucun compte des vœux et des tendances d’une majorité dans laquelle le pays ne se retrouve plus et avec laquelle il n’est plus en harmonie. Nous ne pouvons pas méconnaître que de telles élections inquiètent et affligent les con servateurs. On reproche à ces derniers de n’étre pas plus forts, plus unis; de ne pas aller aux scrutins et de se laisser faire la loi par nne minorité audacieuse. Tout n’est pas sans fondement dans ces reproches. Le parti con servateur ne compte pas assez sur lui-méme et il attend trop des autres ce qui doit venir de lui. Mais le parti conservateur, en se vo yant faiblement soutenu par le gouvernement, a dû perdre beaucoup de son équilibre. M. le général Faidherbe, dans une lettre, disait que, pour renforcer M. Thiers, il fallait faire arri ver à la Chambre le plus de candidats possible de la nuance de M. Barni. Les conservateurs ne s'imaginent pas par quelle combinaison étrange M. le président de la République arriverait à rendre au pays le calme, l’apai sement et le prestige extérieur par le concours des radicaux. Mais le fait est que bien des circonstances, soit dans les actes soit dans les paroles du gouvernement, ont pu autoriser M. le général Faidherbe à penser ainsi....

À propos

Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.

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