Extrait du journal

Au cours de la journée de mardi, le drame financier a pris une gravité singulière. Le gouvernement, acculé aux mesures extrêmes, réclame du Parlement l’instauration d’une véritable dictature financière. Voici l’article unique du projet qu’il vient de déposer : Le gouvernement est autorisé, jus qu’au 31 juillet 1937, à prendre, par décrets délibérés en Conseil des mi nistres, les mesures nécessaires au redressement des finances publiques, ainsi qu’à la protection de l’épargne, de la. monnaie et du crédit public. Ces décrets seront soumis à la rati fication des Chambres dans les trois mois de la promulgation de la présente loi ou, en tous cas, dès la première séance de la session extraordinaire de 1937. Cet article est précédé d’un exposé déclamatoire où le gou vernement essaie de rejeter la responsabilité écrasante qui pèse sur lui. Plaidoyer qui se ter minera par cet air de bravoure : Nous ne pouvons tolérer, le pays ne tolérerait pas qu’une fois de plus la volonté de travail de l’immense majo rité de la France laborieuse et créa trice soit mise en échec par une poi gnée de spéculateurs, qui, par leur presse et leur action sur la Bourse ou le change, affolent les épargnants pour les mieux dépouiller par des opérations pour eux fructueuses. Nous ne pouvons tolérer, alors que le pays fait un effort et qu’il est prêt au sacri fice qui s’impose dans l’intérêt des finances publiques, que les émigrés du franc s’opposent à ce redressement. C’est pour juguler cette spéculation, c’est pour ramener au devoir national ceux qui s’y soustraient ou le trahis sent, c’est en même temps pour pour suivre l’effort méthodique entrepris que le gouvernement, faisant appel à la résolution de tous, demande au Par lement de voter sans retard l’article unique du présent projet. Des phrases ! Tout cela se ter minera par des impôts nouveaux, des taxes et des surtaxes. Armé du pouvoir discrétionnaire qu’il va obtenir de la lâcheté des Chambres, le gouvernement va broyer à son aise le contribuable. tin dit, il est vrai, que les com munistes se refuseront à voter des impôts nouveaux. Ils se pro posent pour entrer dans un mi nistère de combat qui emploie rait des procédés franchement ré volutionnaires. En somme, nous entrons dans l’aventure. Que le gouvernement tombe — c’est peu probable — ou qu’il se maintienne, le pays va connaître de dures épreuves. L. M. Voir en « dernière heure » les ré sultats du débat financier devant la Chambre....