Extrait du journal

s’étale, avec la même impudence, le parti cularisme sectaire des fils de la Veuve, M. J. Lemaître continue en ces termes : L’état d’esprit maçonnique, c’est le fanatis me dans toute sa pureté. Le fanatisme consiste à haïr un homme, non par son caractère, non pour le mal qu’il nous fait, mais parce que, comme dit Mardoche, « nous n’avons pas le cerveau fait de môme ». Il consiste par suite à haïr, sans distinction et sans examen, des collectivités dont les membres ont ceci de commun qu’ils pensent autrement que nous. Le fanatisme, c’est la haine fondée sur l’incom préhension. Ce qui manque le plus aux francsmaçons — du moins à ceux dont j’ai cité les déclarations et qui paraissent mener les autres — c’est, avec la bonté, l’intelligence et le sens critique. J’affirme — et en cela je ne me vante pas beaucoup — que je pense aussi « librement » que le F.1. X... ou le F.*. Y... Mes réflexions, ici, sont celles d’un spectateur, et non point d’un homme engagé dans telle religion confes sionnelle. Je vois que des millions de braves gens et de simples femmes, et bon nombre d’hommes d’intelligence peut-être aussi distinguée que tels ou tels Vénérables, croient à certains dog mes : pêché originel, incarnation, rédemption, etc. Cela forme une explication du monde et de la vie, suprascientifique par définition, c’est entendu, mais qui, assurément, a sa beauté morale et sa beauté émotive. En quoi cela estil haïssable ? ou, pour mieux dire, en quoi cette conception de l’univers spirituel rend-elle haïssable à,priori ceux qui la portent en eux? Et si, de cette conception, découlent pour eux des règles de conduite qui les aident à être bons ou moins mauvais et à supporter la vie — et cela, quand nous ne pourrions leur offrir à la place que des théories « scientifiques » confuses et branlantes et sur lesquelles, à coup sûr, ne saurait se fonder une obligation morale — irons-nous les haïr et voudrons-nous les rayer du nombre des citoyens, uniquement parce que l’explication du monde acceptée par eux, et qui les fortifie et les console, enferme une part d indémontrable et de « surnaturel ? » Je vous avoue que ce sentiment me passe. Un Maçon dit tranquillement : « Nous apprenons à nos adeptes à détester beaucoup ae choses que la morale du Christ apprend à admirer. » Je veux croire que ce n’est pas la charité qui est proscrite par ce Maçon. Il s’agit des « conseils évangéliques » : pauvreté, chas teté et obéissance volontaires. Il est naturel — oh 1 combien I — qu’on ne pratique pas pour son propre compte ces vertus d’exception ; oû peut même ne pas souhaiter que la culture en devienne universelle : de quoi, au surplus, il n’y a pas grand danger. Mais, pour les haïr en elles-mêmes, pour se sentir plein de colère contre ceux qui, librement, font l’effort de les pratiquer, il faut être, ce me semble, un bien pauvre homme et d’intelligence bien peu généreuse. Refuser d’entrer dans la pensée des autres, non pour y acquiescer, mais du moins pour la comprendre ; dénier à autrui uu droit primor dial et sacré, le droit de concevoir à son gré le problème de la vie et, si vous voulez, le droit à l’erreur métaphysique... je dis — conclut Lemaître — que voilà des refus et des inter dictions qui impliquent une disposition d’es prit non seulement chétive et pitoyable, mais antisociale et antihumaine. — C’est pourlant cette conception imbécile et méchante à la fois, ridicule et odieuse, qui dirige et opprime nos maîtres, les politiciens, et qui par eux règne sur le gouvernement et le pays I Et c’est là une situation contre laquelle tout esprit tolérant, comme Lemaître, a pour premier devoir de se révolter. N....