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Journal de Roanne, 30 juillet 1933

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Journal de Roanne
30 juillet 1933


Extrait du journal

miel de paix et de bénédiction. La ruche pleure, les alvéoles sont stériles depuis qu’on a chassé les abeilles. Et il y a moins de beauté et moins de douceur sur la terre de France depuis qu’elles sont par ties. Mais voici le cimetière, et la voix s’y fait plus grave et plus impérieuse : — Silence ! Silence ! N ous êtes chez les Saints ! N ous foulez un reliquaire inestimable ! Il n’est pas une parcelle de celle terre qui ne soit nourrie des restes d’un élu. Au jour du jugement, il se lèvera de cet enclos solitaire une prodi gieuse 11 o rai son de corps glorieux. Ah ! (jiicl crime de l’avoir ferme à ceux «pii avaient le droit, entre tous inaliénable, de venir s’v cou cher aux côtés de leurs frères ! Toutes ces croix implorent, toutes ces croix exigent la réparation de la grande iniquité ! De chaque chapelle privée une plainte et un reproche montent aussi : — Ici, chaque malin, Dieu des cendait, ici se renouvelait, pour le salut du monde, le sacrifice du Calvaire. De tous ces autels ruis selait, sur la terre de France, un torrent de grâces. Or voilà trente ans que ces fontaines ont été ta ries par la méchanceté de certains hommes... Mais nous arrivons à la chapelle claustrale, le cœur même de la Chartreuse. Une grande lamenta tion en surgit : — A genoux, passants, à ge noux ! Ce lieu est auguste entre tous. Pendant des siècles, chaque jour, et chaque nuit, il a fait re tentir les louanges de Dieu dans ces hautes solitudes. Il a été la voix de la Chartreuse elle-même, la voix des cœurs purs cl des âmes ardentes qui l’habitaient, la voix aussi des créatures qui l’entouraient, voix des gorges profondes, voix des torrents grondants, voix des arbres innombrables, voix des sommets hantés par les ouragans et par les aigles, voix des nuits d’hiver où la neige est seule avec les étoiles... Et cela fut pendant près de mille ans, quand par un matin sinistre de mars... Oui, c’est là qu’on est venu les prendre, c’est «le ces stalles qu’on les a arrachés, un par un, au nom d’une loi ini que. Et depuis lors, ces voûtes se sont lues, la Chartreuse a perdu sa voix, et la montagne a cessé de chanter. A genoux ! et priez pour que cesse la grande iniquité, et afin «pie soit effacée la tache de honte (pie cette heure maudite a laissée sur l’histoire de France !.....

À propos

Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.

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