Extrait du journal

d’illusion. La mort approchait à grands pas, mais non sous cet aspect ordinaire de la lotte, qui terrasse, qui brise la vie : on eût dit qu’une main invisible et douce dé nouait un à un les liens qui unissent l’âme au corps. Bientôt, plus une attache ne les tiendrait assemblés : un souffle passera, et sur ce lit désolé le corps restera seul pour recevoir les larmes des amis ; l’âme sera remontée vers sa source pour y attendre le jour de sa réunion future à ce même corps, éternelle celle-là I Les médecins du reste furent bientôt obligés de reconnaître leur impuissance à guérir ou même à enrayer le mal, et de prévenir Jacques que bien peu de jours sé paraient du dénouement fatal. Un vieux prêtre, ami de la famille d’Assol, avait été appelé. Hélène, dont il avait été le confesseur et le guide depuis son ar rivée dans le pays, reçut de lui les der nières exhortations avec le calme d’une conscience épurée par des épreuves que le ministre de Dieu n'aurait eu garde de laisser affronter s’il eût été consulté dès le début, mais qui étaient certainement au jourd’hui, pour l’âme qui en était sortie victorieuse, un gage de confiance et de salut 1 Plus un mot ne fut échangé entre Jac ques et Hélène sur la question traitée un jour entre eux d’une façon si solennelle ; mais Hélène, bien souvent, faisait placer Jacques et sa fille, chacun à un des côtés de son lit et demeurait ainsi longtemps, te nant une de leurs mains dans la sienne, et...