Extrait du journal

‘■œurs mortes, Annette, moi, — mère... Qu’elle est belle 1 La fenêtre est restée ouverte. La nuit est claire, bleue de lunes et d’étoiles. Mais la grande ombre de la cathédrale semble manger ces clartés, avaler l’espace jusqu’à nous, se plaquer contre la fenêtre et la boucher avec du noir. Un vent froid siffle dans cette obscurité. Il entre par bouffées glaciales, rasant les rideaux lourds. La pauvre flamme mourante du cierge s’in cline, se couche sur la cire élargie eu nap pe, vacille quelques secondes avec des teintes violettes d’agonie, et toute la cham bre est pleine d’obscurité et de veut... Je passe à côté, chez ma mère. Est-il venu se déshabiller ici, le dernier soir, ou Charles aurait-il eu l’étrange idée d’y dé poser ses vêtements, en rangeant chez mi... Allons donc ! Charles n’aurait pas osé. Il est venu se déshabiller ici. Certaine ment, comme j’ai été chercher quelque chose de lui dans la chambre où il s’est tué, il est veuu ici, lui, chercher un der nier souvenir... Il l’a tant aimée, ma mè re 1 J’ai gardé, au fond clos des souvenirs d'enfance, la vision chaude de ces ten dresses. C’est la première clarté que j’aie eue de l’amour. Il m’est apparu ainsi, dans mon admiration naïve de petit être pour ces parents forts et grands, montant avec une prière de l’homme à ia femme et j redescendant avec nu sourire de la mère • an père... Voilà pourquoi je suis si délicat en amours, pour avoir trop adoré l’amour, i Et puis le refroidissement est venu, d’ellec 11 l’avait trop aimée, peut être; elle...