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Journal de Seine-et-Marne, 24 décembre 1833

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Journal de Seine-et-Marne
24 décembre 1833


Extrait du journal

UN SALON. J’étais allé vendredi à la soirée de madame L*** ; il y avait un monde fou. Beaucoup de jeunes gens s’y étaient donné rendez-vous dans une petite pièce qui joint les deux salons, et à qui son élégance mériterait le nom de boudoir ; j’aperçus un député dont l’éloquence a souvent tonné contre les maisons de jeu. Il avait gardé dans le salon son opinion de la tribune, et se livrait avec chaleur à une improvisation brillante contre cette passion terrible, qui fait à la fois des victimes et des scélérats. Il aurait voulu, du moins, qu’on eût pris les précau tions les pins minutieuses, les mesures les plus sévères pour interdire l’entrée de ces infâmes tripots aux personnes au dessous de vingt-cinq ans ; il ne pouvait penser, sans frémir, aux dangers qui attendent plus tard les jeunes gens sans expé rience, qui se fout une habitude du jeu. Dans ce moment, son fils, clerc d’avoué, qui vient d’entrer dans sa dix-huitième année, lui frappe légèrement sur le bras : « Papa, lui dit-il, je n’ai plus d’argent ; prête-moi 4° fr- pour jouer à l’écarté. » Le père, sans interrompre sa période, tire tranquillement sa bourse, et remet à son fils deux pièces de 20 fr. « Merci, papa, » dit le jeune homme en les recevant; et il court en déposer une sur la table de jeu. Plus tard, je le revis dans la même salle. L’argent du père lui avait porté bonheur, ce qui ne l’empêchait de parier contre son père. Je m’approchai d’un groupe de femmes ; la conversation était entamée ; j’avais craint un moment qu’il fût question de politique : on parlait d’amour. Ces dames se faisaient une mutuelle confidence de leur goût particulier. Une jeune blonde aux yeux bleus, dont le regard avait une expression angélique, ne concevait pas 1’an.our sans fortune. Elle ne pouvait pas croire que les gens qui ont moins de trente mille livres de rente puissent s’aimer véritablement. Un mari qui ne les possède pas est souvent obligé de se refuser aux désirs d’une femme, et...

À propos

Fondé en 1833 sous le nom Journal du commerce de l’arrondissement de Meaux, cet hebdomadaire républicain et conservateur devient le Journal de Meaux après seize numéros. Il prend finalement le nom de Journal de Seine-et-Marne en 1838 avant de disparaître cent ans plus tard, en 1939.

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Données de classification
  • chanson
  • meaux
  • bonn
  • paris