Extrait du journal

Femmes modernes Le dernier rêve de notre époque, qui semblait vouloir n'en plus faire aucun, c'est la mode des femmes. Que cette mode soit devenue plus libre et même plus in cohérente qu'autrefois, cela fait justement qu'il n'y a pas d'époque ni de pays, si éloi gnés soient-ils, qui n'y jettent un reflet. Ainsi le fleuve agité de la vie contempo raine charrie des morceaux de l'antique Egypte, de la. Chine et de l'lnde. Une étoffe est empruntée à la Perse ; un collier est pris à une reine erisevelië ; des souliers absurdes et ravissants, dorés et peints, semblent destinés à des fées, qui ne mar cheraient que sur des nuages. Tout cela donne à l'imagination bien des sujets de prendre son vol. Mais la figure même des femmes modernes n'aide guère à continuer les rêves que leur ajustement a fait naître. Il est difficile dé rendre exactement le caractère de ces petits visages qui, sou vent, ont à la fois quelque chose de bril lant, de cru et de pauvre. Ils sont absolu ment dévoilés. Leurs yeux, comme incrus tés, ressemblent à des pierres précieuses, à des bijoux somptueux, bien plus qu'ils n'annoncent une âme. Avec leurs sourcils exactement dessinés, leur bouche que le fard précise, ces visages nous arrivent en une fois, ils nous sont lancés comme des projectiles; est parfois charmant de recevoir. Maïs if était plus charmant en core de n'apercevoir dans un sourire ou dans, un regard que les premiers signes d'une âme lointaine, et de partir pour un être....