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Journal des débats politiques et littéraires, 2 novembre 1910

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Journal des débats politiques et littéraires
2 novembre 1910


Extrait du journal

pouvait être en Angleterre, en Allemagne, dans toute l'Europe, le contre-coup de ce formidable changement? Et il y avait un autre danger. Les apôtres de l'antimilitarisme ont joui longtemps d'une impunité et d'une complaisance qui ont laissé à leur criminelle propagande trop de re tentissement. On les entendait au delà de nos frontières, et leurs paroles paraissaient si abo minables, que, pour qu'elles fussent tolérées, on leur croyait l'opinion française indulgente, sinon favorable. La grève des cheminots décla rée, on se demanda : que va faire l'armée re quise pour protéger le travail et garder les voies ? Les cheminots furent mobilisés, et on se demanda : comment vont-ils répondre à l'ordre militaire qui les appelle au ser vice ? L'expérience semblait périlleuse entre toutes. Si l'armée faiblissait, si les chemi nots ne se rendaient pas àla convocation, c'en était fait de la puissance militaire de la France. Et, du dehors, on la voyait prête à subir, sans résistance possible-, l'envahissement et la conquête. Or, l'un et l'autre danger, celui de la révolution, celui de l'anéantissement mi litaire, on a constaté que nous les traversions sans nul dommage. Les révolutionnaires ont été matés avec un-sang-froid et une énergie qu'on a admirés. L'armée a fait son devoir avec un entrain et une bonne humeur, qui la mon trent toujours égale à sa tâche, et les cheminots ont obéi on Masse à l'ordre d'appel. C'était fini : le drame était joué,et il finissait d'autant mieux qu'il n'y avait pas à regretter une -effusion de sang. Il est sûr que ces résultats ont causé hors de chez nous quelque surprise. Nous les devons à l'attitude résolue du gouvernement, et l'opinion étrangère rend à M. Briaijd un hommage bien mérité. Nous les devons aussi à notre pays lui même, à ses qualités vraies de bon sens, de patriotisme, d'amour du travail et d'attache ment à la paix publique. En réalité, le plus grand mérite et l'honneur durable de M. Briand sont d'avoir compté sur ce pays, de l'avoir senti avec lui, et d'avoir fait ce qu'il demandait. Quant à la surprise des étrangers, même de ceux qui nous sont les plus sympathiques, elle s'explique aisément, parce que leur opinion se forme sur les paroles et les écrits qui, à force d'audace,paraissent représenternotre sentiment général. Ils ne représentent qu'une minorité brouillonne et violente. Survienne une crise : sa faiblesse se découvre, pour peu qu'on lui résiste, et l'immense majorité, silencieuse à l'habitude, fait triompher l'ordre et la raison. C'est ce qui vient de p8 produire.On l'a compris au dehors. Et sans doute, désormais, ne donnera-t-on que leur importance réelle aux agitateurs, qui con tinueront de.mener en France le même tapage,. Quant à nous, il est souverainement utile que le pays tout entier reconnaisse à la fois quelle fâcheuse figure peuvent lui donner les violences révolutionnaires ou antipatriotiques, et com ment se force vraie, à condition qu'il veuille l'employer, lui permet de s'en rendre maître....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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