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Journal des débats politiques et littéraires, 7 octobre 1849

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Journal des débats politiques et littéraires
7 octobre 1849


Extrait du journal

Il paraît que la République a couru un grand danger. Nous ne nous en doutions guère, et elle ne s'en doutait pas davantage. C'est la vérité pourtant, et... « nous l'avons en dormant, madame, échappé belle ! » Mais il faut vous dire en quoi la chose consiste. Donc, vous savez que le Moniteur universel, qui rend compte des séances des Assemblées législatives avec celte impartialité d'un observateur qui a vu bien des Assemblées et des gouvernemens divers, s'est un jour avisé de chasser de ses colonnes le mot de monsieur, et de décorer du titre de ci toyen tous les représentans qui avaient affaire à lui. Qui lui en avait donné l'ordre? Personne ne fut curieux de le savoir et nul ne songea à le demander. Le gouvernement provisoire, qui avait des décrets pour tout, même *pour la coupe des gilets, était bien capable d'en avoir fait un là-dessus. Or voici que le ci'oyen a disparu et que le monsieur a repris sa place. Cela s'est fait sans bruit, une nuit de cette semaine, mystérieusement. Ma foi i nous l'avouerons , nous n'avions pas fait la moin dre attention à ce changement, qui dénotait pour tant , la chose est sûre , un complot contre la Ré- i publique. Mais la Montagne en a tressailli jusqu'en ' ses fondemens, et M. Antony Thouret est venu en demander compte aujourd'hui au commencement de la séance. Le Moniteur doit reproduire 1» physio- j nomie des séances, se servir du langage habituel, ] et parler comme parlent les gens. Or il nous sem ble que monsieur est plus français que citoyen; qu'on dit monsieur le président, et non pas le citoyen \ président, et que, même sur les hauteurs les plus escarpées de la Montagne, le citoyen est bien passé de mode. M- Dupin, en faisant rétablir: le mot monsieur à la place qu'avait envahie par surprise celui de citoyen, a donc fait une chose conforme au bon goût comme à la vérité. Cela n'a pas contenté M. Antony Thouret. Le Moniteur l'a vait appelé M. Thouret, quelle indignité! Il a appelé cela une falsification ! « J'avais, con tinue l'orateur, remis une note à messieurs les sténographes.... » Vous jugez du Vire homérique qui s'est emparé de l'Assemblée. L'heureux à-pro pos de M. Thouret aurait dû. clore la discussion ; mais point : M. Pierre Leroux est venu à la charge, M. Mathieu (de la Drôme) l'a suivi. On supprime le titre de citoyen, donc la République est en danger : Caveant consules! Il a fallu un vote pour trancher la question : c'est M. Pierre Leroux qui l'a provoqué en demandant la substitution du mot citoyen à celui de monsieur. La question préalable a été proposée aussitôt et adoptée à une immense majorité. Voici maintenant M. Napoléon Bonajparte. Nous...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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