Extrait du journal

croyons pas que l'histoire compte au nombre des services de M. Thiers son ministère de 1840. Nous doutons fort, s'il faut le dire, que M. Thiers lui même soit très fier maintenant de celte époque de sa vie politique. Nous en avons pour preuve les ef forts qu'il fait pour échapper à sa responsabilité. Ecoutez le Constitutionnel. Savez-vous qui a fait tout le mal en 1840 ? C'est nous ! ce sont nos articles qui ont soufflé dans toute l'Europe le feu de la guerre ! M. Thiers n'était pas président du conseil, c'était nous. Nous avions le secret des affaires ; nous con duisions la diplomatie; nos notes alarmaient les cours de l'Allemagne ; nous ordonnions des levées d'hommes ; nous faisions chanter la marseillaise ; nous autorisions des banquets républicains. Nous sommes responsables, en un mot, et M. Thiers ne l'est pas. Soit. Mais que le Constitutionnel nous permette donc de dire que les affaires étaient bien mauvaises au mois d'octobre 1840, quand le mi nistère actuel a eu le courage d'accepter le pou voir. Qu'importe àM. Thiers, puisque M. Thiers n'était pour rien dans la politique du ler1er mars et dans ses résultats ! Le Constitutionnel nous a entraînés dans cette polémique rétrospective ; nous en demandons par don à nos lecteurs. Ce n'est pas de gaîté de cœur que nous attaquons aucun des hommes éminens de notre époque. Nous voudrions les voir réunis tous dans le même but : l'affermissement de nos institutions, et moins préoccupés des intérêts de leur ambition ou de leur amour-propre que de ceux de la France. Il y a eu une belle époque après la révolution de Juillet; elle a passé, lielas! trop vite. C'était celle où tous les hommes de talent, dépu tés ou ministres, concouraient avec un désintéres sement patriotique à défendre la paix, l'ordre, le trône et la, Charte. M. Thiers a été un de ces hommes ; nous ne l'avons pas oublié. De quoi s'a git-il aujourd'hui? Dans quel intérêt public alta que-t-on le ministère actuel? Yoilà ce que nous demandons, et l'on ne nous répond pas! On ne nous répond pas, parce qu'il s'agit encore d'une de ces intrigues dont le seul but est de changer les personnes. Le ministère qui subsiste depuis quatre ans a rendu d'immenses services ; sous son admi nistration la France a prospéré, les hommes qui le composent sont des hommes de talent et des hommes de cœur; il n'y a pas déraison pour les renverser. Nous les soutiendrons, quant à nous, tant qu'on ne prouvera pas que leur politique .est mauvaise et qu'on en a une meilleure à lui substituer !...