Extrait du journal

Dépêches de nos correspondons particuliers. Berlin, le 8 février. Les réunions des démocrates socialistes ont provoqué de la part de la police des mesures de répression et amené des conflits plus ou moins graves. Dimanche, à MAnich, les socia listes ont voulu tenir un meeting sur la MarienPlatz, malgré l'interdiction qui avait été pro noncée. La gendarmerie, aidée de 40 hommes, a fait évacuer la place. Une dizaine d'indivi dus ont été arrêtés. A Stettin les choses se sont passées d'une façon beaucoup plus grave. Les démocrates socialistes avaient organisé une grande ré union dans une brasserie de la ville. La police est intervenue pour dissoudre la réunion. La foule a résisté ; on a été obligé de requérir la troupe, qui est entrée dans la salle, baïonnette au canon. Plusieurs des manifestans ont été plus ou moins griè vement blessés : l'un d'eux a même été tué. Le local où se tenait la réunion a presque été démoli à coups de pierres. On annonce qu'hier, à Magdebourg et dans la région environnante, un grand nombre de socialistes; —on parle de 24, ont été ar rêtés pour participation à une association in terdite. • : ~ Vienne, le 8 février. La situation est troublée en Crète. L'île est agitée. Le consul anglais avait organisé une manifestation hostile, à l'occasion de l'instal lation du nouveau gouverneur qui a été choisi grâce à l'influence du gouvernement français. Les consuls de France, de Russie et de Grèce ont empêché cette manifestation de se produire. Rome, le 8 février. La démission du général Robilant obstiné ment maintenue par lui a entraîné celle du ministère. La crise est donc ouverte et M. Depretis a annoncé ce soir à la Chambre que le Cabinet était démissionnaire. Il me paraît probable que M. Depretis sera chargé de former le nouveau Cabinet, dans lequel je ne serais nullement étonné de voir rentrer le général Robilant. , VOsservatore romano donne le texte offlciël de la fameuse lettre du cardinal Jacobini, dont, ajoute-t-il, la publicité a été due à une indiscrétion. Madrid, le 8 février. Les débats qui ont eu lieu au Sénat et à la Chambre des Députés ont montré que j'étais bien renseigné lorsque je vous disais, il y a quelques mois, que les plus grandes diffi cultés que rencontrerait le ministère lui vien draient de ses amis. Ce sont, en effet, des dé mocrates de la fusion qui ont combattu avec le plus de force les projets relatifs soit au nouveaù Code pénal soit à la régie des tabacs. Le président du Conseil a été obligé d'inter venir dans la discussion de ce dernier projet et a posé la question de Cabinet. Cet acte d'é nergie était nécessaire pour rétablir un peu de discipline dans le parti libéral. Bien que l'opinion publique soit ici tout à fait pacifique et que l'on ne puisse prévoir l'hypothèse où l'Espagne se trouverait en gagée dans une guerre européenne, ce pendant le ministère prend des mesures pour parer à tout événement. C'est ainsi qu'on va faire augmenter les fortifications et procéder à l'armement de plusieurs places fortes de la Méditerranée, telles que Mahon, Ceuta, Melilla, etc. Le ministre de la guerre prépare un projet de loi pour subvenir aux dépenses entraînées par ces préparatifs....