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Journal des débats politiques et littéraires, 9 mars 1835

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Journal des débats politiques et littéraires
9 mars 1835


Extrait du journal

Cle et d'embarras ; elle demande beaucoup d'habileté, beaucoup de prudence, beaucoup de ménagemens; nous ne nous étonnons donc pas des lenteurs d'une pareille œuvre ; mais si nous ne sommes point étonnés, nous sommes profondément affligés en voyant le danger d'une situation si bizarre, et nous croyons que le danger s'aggrave à mesure que les heures et les jours s'écoulent. La Chambre, en renvoyant à mercredi prochain les interpel lations que nécessite l'étrange état du gouvernement, a fait preuve de respect pour la prérogative royale; elle n'a voulu intervenir en rien dans ses choix ; elle n'a voulu gêner en rien la liberté de ses décisions. Nous l'en remercions. C'est dans les jours de trouble et de vacillation comme ceux que nous voyons, qu'il faut s'attacher avec plus de vivacité que jamais aux principes fondamentaux de la Constitution. C'est celte étroite fidélité qui peut seule sauver le pays de l'esprit d'anarchie et de désordre. Mais si la Chambre des Députés a bien fait de différer les inter pellations , quelques personnes mettent en doute si elle a aussi bien fait d'ajourner ses séances jusqu'à mercredi. Pourquoi ne pas s'as sembler? disent-elles : pourquoi ne pas discuter la loi des Caisses d'épargne que rien n'empêchait de mettre à l'ordre du jour? Sans doute les personnes qui ont ce scrupule, ne l'ont pas en vue seule ment d'une loi de plus à voter ou à rejeter. Elles pensent peut-être que, dans ces momens d'incertitude, il est bon que la Chambre soit en séance afin que les conversations de la salle des Conférences qui expriment aussi ses opinions, puissent au besoin avertir la pré rogative royale, sans jamais pouvoir ni devoir la gêner. Nous se rions tentés de partager cet avis. L'influence d'une Chambre ne se fait point sentir seulement par les discussions de la tribune. Toutes les manières d'indiquer sa pensée sont efficaces. Il est très aisé de trouver ridicule une Chambre qui cause dans la salle des Confé rences ; mais ces causeries qui sont voisines de la tribune, et qui peuvent, en cas de besoin , y être portées d'un instant à l'autre, ont leur importance. L'opinion s'y montre. On peut pressentir dans la salle des Conférences les obstacles que telle ou telle com binaison rencontrerait à la tribune; on peut d'après cela éviter avant des obstacles contre lesquels on serait venu se choquer après. Quand au contraire la Chambre est dispersée, quand ses séances sont interrompues, il y a deux inconvéniens : le premier, c'est que la communication étant interrompue entre le gouvernement et la Chambre, les combinaisons ministérielles se font d'une façon plus for tuite et plus accidentelle; c'est que le gouvernement risque de ne pas savoir ce que pense la Chambre, et' de se préparer, par celte ignorance, des obstacles insurmontables. Le second inconvénient, c'est quê la Chambre , qui n'a sur lè choix des ministres aucun droit exprès et formel, qui n'a à cet égard qu'une influence indirecte, mais qui l'a incontestablement, n'a point d'occasions de l'exercer; c'est qu'elle ne peut pas suivre et observer les diverses combinai sons,'et faire à leur sujet les remarquas qu'il y a lieu de faire. Or, cette observation quotidienne peut être également utile au pouvoir et à la Chambre ; au pouvoir, qu'elle avertit, qu'elle conseille, qu'elle soutient; au pouvoir qu'elle ne livre pas sans contrepoids aux suggestions des salons et de la presse, Jes deux seuls pouvoirs qui soient toujours en séance, et qui ne vaquent ja mais : à la Chambre, dont l'opinion se forme et s'éclaire par l'étude de toutes ces combinaisons qui avortent à mesure qu'elles veulent passer de l'embryon à la vie. Voilà dans quel sons nous regrettons l'interruption des séances de la Chambre. Maintenant qui accuser de cette interruption? quelle portion de la Chambre en est coupable ? Supposé même que cela pût servir à quelque chose, nous serions fort embarrassés de savoir qui il | faut accuser; car tout le monde a voulu cette interruption, l'Op position aussi bien que la majorité. Il semble que quand le pouvoir ministériel est au concours, comme il l'est maintenant, les candi-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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