Extrait du journal

Au milieu de toutes les souffrances qui accablent un peuple, et de tous les malheurs qui le menacent, une seule chose peut assurer sa survivance : c'est l'union. Quelle que soit l'étendue des catastrophes, s'il reste unir il est sauvé. Mais si la division subsiste et s'installe définitivement au cœur de la nation, c'est bientôt la catastrophe finale et son suicide. Notre pays est arrivé à une heure où il n'a plus à commettre une faute contre l'esprit. Si l'on trouve ce mot de haute sagesse dans les mémoires de Louis XIV : « La fonction des rois consiste principalement à laisser agir le bon sens, qui agit naturellement et sans peine », un peuple qui s'est longtemps dit souverain,, bien qu'il n'eut pas de sujets, devrait être apte à comprendre lui même, tout comme un roi souverain, que c'est le bon sens et la raison qui doivent dominer ses sentiments et ses actes, et non les passions déchaînées qui ne sont propres qu'à le désagréger et à consommer sa ruine. Sa souveraineté lui commande de survivre. Pourquoi se laisser distraire de ce but auquel il doit tendre, et ne pas employer tous les moyens dont il peut disposer pour" amortir et écarter les déchirements qui accéléreraient sa décadence et sa liquéfaction. Au cours des siècles, de grands peuples qui se croyaient forts et immortels, et qui s'étaient aban donnés aux pires dissensions, ont vu leur destin tourner court. L'homme qui voit mourir ses semblables faute d'hygiène, n'aime pas à s'imaginer qu'il peut mourir pour les mêmes causes et de îa même façon. « Les autres, oui, se dit-il ; mais pas moi. » Il en est des peuples comme des individus. Les mots d'ordre du salut de notre pays sont simples, et chargés de puissance salvatrice : unité, solidarité, sang-froid et discipline. Combien de fois, depuis quatre ans, a-t-on rappelé, et le Maréchal tout le premier, les facultés de redressement du peuple français dans les jours sombres, quand l'étranger le croyait épuisé, voué à l'anarchie, et à l'agonie ! Mais il ne suffit pas des paroles' et des évocations, si ces rappels ne convergent que vers des entendements fermés, qui refusent de prêter l'oreille au cri de la vérité, à l'S. O. S. d'une alerte qui devrait nous prémunir contre ce danger de mort. Dans les moments tragiques que nous traversons, au moment où les armées étrangères s'affrontent sur notre territoire, l'unité nationale, renforcée d'une solidarité fraternelle, doit apparaître p.ux yeux de tous les Français comme notre impératif essentiel. Nous nous" sommes assez déchirés entre Français, pendant des années, pour ne pas comprendre, en présence des tristes résul tats où nous étions parvenus, tout le mal que nous nous sommes fait à nous-même. Si le peuple qu'on disait jadis le plus spi rituel du monde, n'a pas la raison de constater de façon écla tante que les haines entre concitoyens constituent un poison mortel pour la race, c'est qu'il a abandonné tout espoir de revivre. La discipline est un des éléments de l'ordre qui doit dominer tous les effondrements. Le président Laval le rappelait ces temps derniers : « A cette heure dramatique, où la guerre est portée sur notre territoire, montrez par votre attitude digne et disci plinée que vous pensez à la France et que vçus ne pensez qu'à elle. » L'union, la solidarité et la discipline constituent actuelle ment le devoir fondamental de tous les Français qui veulent voir leur pays préservé des maux qui peuvent lui être évités....