PRÉCÉDENT

Journal des débats politiques et littéraires, 12 septembre 1922

SUIVANT

URL invalide

Journal des débats politiques et littéraires
12 septembre 1922


Extrait du journal

Les marins vont déclencher une grève de vingt-trois heures, parce que le président de la République s'est refusé à prononcer le fa tidique jugement « Périsse la marine mar chande française plutôt que les principes », qu'on lui demandait de sanctionner en ne signant pas le décret relatif à la suspension de la loi de huit heures dans la marine mar chande. Si l'on transpose en effet cette ques tion du domaine politique abstrait dans le quel on se plaît à la maintenir sur le terrain purement professionnel, on ne voit pas très bien les avantages pratiques que les marins peuvent retirer de cette loi de huit heures. Il n'est pas question d'une amélioration de salaire ou de nourriture. Trois marins ne sont pas mieux payés que deux, et ils sont plutôt moins bien nourris. Quant aux condi tions d'habitabilité à bord, elles sont cer tainement. moins bonnes pour le personnel avec le service à trois quarts sur des navires dont les locaux n'ont été prévus que pour deux bordées et sur lesquels il a fallu faire des installations de fortune. Est-il exact, du moins, que le service à trois bordées apporte aux matelots de pont un soulagement réel ? Il est permis d'en douter. Tout d'abord, le repos de 16 heures qu'il entraîne, à quoi est-il employé ? En dehors du temps de sommeil nécessaire,, le marin reste, désoeuvré dans l'étroit espace où il est confiné, et rien n'est pire à bord que le désœuvrement. La loi de huit heures ne peut pas ici remplir le rôle qu'elle joue dans l'industrie terrestre, en pro curant à l'ouvrier un délassement familial ou une distraction. Les heures sont vides dans les mornes soirées de l'océan. Faut-il dé clarer que ces i 6 heures de repos soient in dispensables, afin de ne point exiger des ma telots un travail hors de proportion avec leurs forces physiques • ? Ceci est vrai pour le personnel de la machine, à qui on a juste ment accordé depuis 1907 un régime spécial, mais non pour les matelots, dont le service consti tue plutôt une présence continue qu'un travail .effectif, tout au moins dans les cir constances normales de la navigation. Par gros temps, la fatigue est à peu près la même pour ceux qui sont sur le pont que pour ceux qui attendent l'embellie dans le poste d'équipage. Reste la question de chômage, dont on a tant parlé. Examinons dans quelle limite elle peut atteindre les inscrits maritimes....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • calogeropoulos
  • christomanos
  • venizelos
  • leconte de lisle
  • delacroix
  • venizélos
  • clemenceau
  • matzas
  • constantin l
  • venue
  • smyrne
  • la mennais
  • france
  • allemagne
  • thrace
  • asie
  • berlin
  • athènes
  • anatolie
  • angleterre
  • société des nations
  • assemblée nationale
  • marmara
  • daily mail
  • la république
  • parlement
  • bastille
  • havas
  • l'assemblée
  • commission des réparations