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Journal des débats politiques et littéraires, 14 janvier 1834

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Journal des débats politiques et littéraires
14 janvier 1834


Extrait du journal

de la capitale ne peut appartenir -qu'au Roi, ou au fonctionnaire nommé par lui, le préfet de police. Le chef suprême de l'adminis tration de la capitale, le premier magistrat municipal de Paris, son maire, ce sera encore un représentant de l'autorité royale, le préfet de la Seine. Même avec ces restrictions, les autorités municipales de Paris, c'es-à-dire un conseil choisi far les électeurs, seront encore certainement quelque chose de plus que toutes les autres auto rités municipales et départementale!; de France. De tout ceci il résulte donc qnlLfallait une loi spéciale pour Paris etpourle département delà Seine. Cette loi, le ministère l'avait présentée l'année dernière; le rapport en avait été fait; la Chambre l'a reprise et en a commencé aujourd'hui la discussion. Trois questions graves ont déjà été résolues : quel sera le nombre des membres du conseil municipal de Paris, et, par conséquent, du couseil de département delà Seine ? Quel sera le nombre desélecteurs chargés de choisir les membres de çe conseil ? Les douze maires de Paris feront-ils, de droit, partie du conseil municipal? seront-ils adjoints aux autres membres directement uommés par les électeurs? Sur ces trois points, du moins sut les deux premiers, quoique la discussion ait été assez calme, et plutôt administrative que politi que, il est bien difficile de croire que Je fond du dissentiment qui s'est élevé entre i'Opposition et la majorité ne cache pas une pen sée politique. On devine d'avance, j'en suis sûr, que l'Opposition a insisté pour faire augmenter le nombre et des membres du conseil municipal de Paris et des électeurs chargés de les nommer. Ainsi l'Opposition aurait voulu que le nombre des membres du conseil municipal tût, pour Paris, de quàraqte-huit, auxquels on aurait adjoint les douze maires; en tout;soixante. Est-ce là un simple conseil d'administration? Ajoutezîy quatre représentans pour l'arrondissement de Sceaux, et quatre pour l'arrondissement de Saint-Denis; Paris aurait eu un conseil municipal de soixante membres ; le département de la Seine, un conseil général de soixante-huit. Qui ne sent que voilà, sur-le-champ, une autorité formidable, une véritable assemblée politique beaucoup plutôt qu'un simple conseil administratif?ta majorité, plus prudente, a fixé le nombre des membres du couseil municipal de Paris à trente six, et du conseil général de la Seine à quarante-quatre. EHç a rejeté l'adjonction de maires, mais par des considérations purement .administratives. De même pour les électeurs. L'Opposition a cherché à les faire porter à trente mille au lieu de seize mille environ que propose la commission. Je sais qu'il y a dans l'Opposition des gens qui, en matière électorale, ne voient autre chose que le chiffre. C'est pour eux une simple question de proportion ; ils comptent sur leurs doigts et supputent combien cela fait d'électeurs sur la masse to tale de la population. Tous les jours on les entend dire : Deux cent mille électeurs seulement sur trente-deux millions d'habitans que renferme la France, n'est-ce pas monstrueux! lis ne retranche raient pas une femme ou un enfant sur leurs trente-deux millions d'habitans. Trente mille électeurs leur conviennent donc mieux que seize mille, uniquement parce que trente mille c'est le double à peu près de seize mille. Soixante mille les rendraient bien plus contens encore. Leur joie croîtrait avec le chiffre; la question, à leurs yeux, n'est qu'une question de nombre. Mais indépendamment de ce point de vue tout arithmétique , ne conçoit-on pas les préten tions que pourrait avoir quçlque jour un conseil municipal de Paris, s'appuyant sur une masse formidable d'électeurs? Organiser une espèce de démocratie dans Paris, n'est-ce pas en jeter les fonde mens pour la France entière? Non, à coup sûr, qu'il entre dans la pensée de l'Opposition de faire de Paris une république. Nous sommes loin de l'en accuser; ce serait une indigne calomnie. Mais l'Opposition ne serait pas fâchée de créer partout des centres de résistance à l'autorité du gouverne ment. Gomme elle-même, elle n'a qu'une pensée, résister au gou vernement, le gêner, l'entraver, elle porte partout cette pensée, involontairement peut-être ! Elle voudrait organiser le pays à sou image, et introduire dans nos lois un principe général d'Opposi tion et de résistance. Elle va cherchant toujours des forces à op poser à la force centrale du gouvernement. C'est là peut-être l'es prit naturel de toute opposition. Nous ne lui eu ferons pas, si' Ton veut, un reproche, mais nous ne cesserons d'exhorter la majorité à la prudence, surtout en matière si grave. On est toujours maître d'é tendre la liberté, mais non de la restreindre quand on l'a trop éten due. A notre avis donc, la majorité a bien fait de rejeter les amen demeus de l'Opposition....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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