Extrait du journal

Dans le cortège éblouissant que nos yeux contempleront avidement, que nos mains jointes applaudiront, au passage du quel nos cœurs battront à grands, coups, tous les peuples qui, de près ou de loin, se sont successivement soulevés contre l'agression de 1914 seront représentés par l'élite'de leurs troupes. Unis dans la lutte, ils communient dans la Victoire. Le Destin veut que, seule, la Russie n'ait pas sa place dans ce défilé triomphal. Il est impossible de ne pas le regretter, si l'on songe au rôle glorieux qu'elle a joué longtemps aux côtés de nos troupes, et à l'aide efficace qu'elle a apportée à la cause des Alliés dans des heures difficiles. Ni nos. grands chefs, ni le peuple de France tout entier, ne sauraient oublier que les opérations engagées par les Russes aux frontières orientales de l'Allemagne en août-septembre 1914 ont contribué au succès de la Marne, ces prémices écla tantes de la victoire finale. Plus tard, en mars 1916, sans aucune préparation, et avec le seul souci chevale resque de tenir la parole donnée, les ar mées russes tentèrent, par une offensive improvisée, dans la région du lac Narotch, d'alléger la pression ennemie sur Verdun. La ruée des armées Broussiiol, en juin de la même année, est présente à toutes les mémoires. Et même, eu 1917, aux heures sombres de la Révolution, Kornilof tenta d'obliger l'armée russe, à force de succès, à reprendre conscience d'elle-même. Un pays qui a tant de gloire derrière lui ne peut pas périr. Encore une fois, il faut regretter qu'un épisode douloureux de son histoire inté rieure empêche la Russie de prendre sa partlégitime dans le triomphe commun....