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Journal des débats politiques et littéraires, 17 décembre 1835

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Journal des débats politiques et littéraires
17 décembre 1835


Extrait du journal

'"! a accusé d'avril, détenu à Sainte-Pélagie, M. Arthur Beau mont «dont nous avons déjà-eu l'occasion de parler, vient d'écrire à M. O'Connell .une lettre insérée dans les journaux anglais, pour l'inviter à se charger de sa défense devant la Cour des Pairs. M. O'Connell a répondu qu'il se serait empressé d'accepter cette honorable mission, s'il n'avait craint de ne pouvoir convenablement présenter en français la défense du prévenu, et s'est ensuite ex pliqué sur la Chambre des Pairs de France en termes que nous ju geons inutile de reproduire. La Chambre des Pairs n'avait pas la prétention d'être mieux traitée par M. O'Connell que la Chambre des Lords et elle lui saura gré sans doute de lui avoir épargné toutes ces comparaisons délicates dont il a été si prodigue envers l'aristocratie anglaise. M. O'Connell déclare dans le cours de sa lettre qu'il regarde le peuple français comme un esclave courbé sous le joug d'un homme fait pour être leur domestique; mais il conclut ensuite d'une manière assez étrange que cependant la ré publique ne lui parait pas le meilleur moyen de rendre à ce pauvre peuple la liberté dont il ne connaît pas les douceurs. Voici ce pas-, sage : « Tout en vous exprimant ma sympathie pour vos souffrances et mon regret de ne pouvoir vous offrir mes services honnêtes et zélés, à dé faut de talent je crois devoir déclarer, afin d'éviter toutes méprises sur mes intentions , que je ne partage pas vos vues politiques comme républicains. Je reconnais que la France n'a pas de garanties suf fisantes pour ses libertés, j'ajouterai même que c'est tout au plus si elle en possède une seule ; je reconnais que les Français sont po litiquement. esclaves, et qu'à l'exception de quelques' formes , ce peuple est aussi complètement privé de liberté politique que fê taient les Algériens avant la conquête de cette régence par la France. 11 est très vrai que les Français sont les esclaves de celui qui devrait être leur serviteur; mais malgré tout cela je suis convaincu que le remède n'est pas dans la république. Pour que la France pût former une république pacifique et paternelle, il faudrait que le territoire fût partagé en États fédératifs. La liberté réclame la localisation et non la centralisation du pouvoir. Puis, permettez-moi de vous dire qu'il n'y a pas encore en France assez de science et de morale politique, et surtout pas assez de religion pour constituer un état républicain. Croyez-moi, la seule base vraiment solide d'une grande république, c'est lë sentiment profond de croyance en une éternité.de récompenses ou de peines, senti ment que la religion seule peut donner et conserver. » Pardonnez ce que ces expressions pourraient avoir d'offensant. Vous m'avez appelé citoyen; ce nom que vous employez, tout innocent, tout amical qu'il est, a été cependant en France, à une autre époque, le langage des hommes les plus détestables et les plus sanguinaires. Je sais parfaitement combien vous et votre parti, vous différez, tant en pra tique qu'en théorie, de ces mêmes hommes, et je ne me laisse point pré venir ni émouvoir par les indignes calomnies dont vous avez été l'objet j mais quant à moi, de même que je ne transigeai jamais avec les fautes ou les crimes des monarques et des gouvernans, je ne saurais flatter les vues ni encourager les erreurs du peuple. »...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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