Extrait du journal

Oporto, 2 avril. Hier, la populace, après avoir brisé plusieurs objets importés de l'é tranger, se porta au couvent de Saint-Dominique où étaient renfermées des valeurs considérables appartenant au consul danois qui avait fait venir une grande partie de ces objets ; les portes furent enfoncées et l'œuvre de destruction commença. Le gouverneur militaire, baron da Fonta Nova, se présenta alors ; on voulut d'abord l'insulter, mais le gouverneur après avoir ôté son chapeau et crié trois fois Vive la Reine ! adressa aux perturbateurs une courte allocution et leur promit qu'ils obtiendraient le redressement de leurs griefs et une foule d'avantages, s'ils voulaient retourner tranquillement chez eux. Alors ils se retirèrent; toutefois il y eut plus tard un attroupement devant la douane dont les portes allaient être brisées, lorsqu'une nouvelle apparition des autorités prévint le mouvement. Le soir la populace parcourut (es rues de la ville et extorqua de l'argent à un Français qui a récemment établi uu maga sin de nouveautés. Aujourd'hui tout est tranquille en comparaison de ce qui s'est passé hier. Les marchands de grains ont été forcés de livrer du maïs a 480 reis (3 francs) le boisseau. Avant-hier la même mesure coûtait 860 rcis (5 francs.) On attribue principalement cette émeute au prix élevé du pain et à l'incapacité du dernier ministère qui a permis la libre importation des marchandises étrangères, après avoir prohibé toute importation de blé, bien que le maïs ait haussé de plus de 100 pour 100 depuis la dernière récolte. 11 vient d'être publié un décret qui autorise l'importation de 400,000 mesures de maïs; cette mesure est suffisante pour les besoins du mo ment. Le marché est encombré de marchandises anglaises ; chaque jour il y a des ventes publiques qui se font au prix d'énormes sacrifices; beaucoup de marchandises seront renvoyées en Angleterre....