Extrait du journal

souvent à la ferme pour admirer Francesca. Elle a fait épier son altesse. A la vue de Francesca la sévère Malhilde ne doute plus : elle est sûre de sou malheur. Mais en même temps qu'elle est aimée du prince Frédéric, Francesca est aimée du capitaine Loinazzo, qu'elle aime de tout son cœur et qu'elle doit épouser le même jour. Mathilde apprenant cet amour et ce mariage, se sent un peu plus tranquille ; elle conduit Francesca à la cour et elle fait si bien qu'elle obtient du prince sou consentement au mariage de Francesca et du capitaine Lomazzo. J'aime beaucoup mieux le premier acte de Lessing; daus ce premier acte le prince de Guastalla se réveille plutôt qu'à l'ordinaire ; à peine ré veillé il s'ennuie; il fait appeler son confident et ses llatteurs. Le carac tère de ce despote italien est tracé de main de maître ; il est faible et in solent, il est frivole et dur, il posssède à fond toute cette perversité que la nature donne encore moins que la possession héréditaire et l'exercice du pouvoir absolu. C'est une étude digue de Schiller ; c'est une physio nomie largement tracée, un caractère composé de mille petites nuances que Lessing a saisies et rendues avec toute la sagacité , avec toute la pé nétration infatigable d'un pocte allemand. Mais c'était un caractère trop profondément senti pour le parterre de l'Ambigu. Donc c'est dans ce moment d'ennui et de malaise que le prince vient 'a se souvenir d'Emilie ; sa maîtresse Mathilde, femme supérieure et fière, le fatigue de ses jalousies et de ses exigeances; il eu veut à un amour plus facile et plus pur ; il pense à Emilie ; il l'aime en amant d'abord ; puis, quand son conseiller intime arrive, il l'aime en despote ; son pre mier mouvement a été de la séduire, son second mouvement quand Ma rinelli sou confident est parti, c'est de l'enlever. Yoilà tout le premier acte de Lessing. Il est simple, il est clair, on y voit jusque dans ses re plis les plus profonds, l'âme de ce prince toute empreinte de ce genre d'immoralité, bonne au fond , et de cette corruption élégante et molle qui fut toujours un des apanages des princes absolus, toutes les fois qu'une excellente nature ou une forte éducation n'y vient pas remédier. A l'Ambigu, ces développemens intimes du cœur humain auraient été des longueurs. Les auteurs, qui connaissent leur théâtre, ont été au plus pressé, à l'action , c'est-à-dire au mouvement. Après avoir bâti leur prologue à coups de fusil, ils ont bâti leur premier acte avec force coups de théâtre. Francesca vient à la cour ;le marquis de Ligano, le confident du prince, persuade à Francesca de laisser tomber sou bouquet de rose» virginales aux pieds de celui- ci, qui se croit aimé. Alors Francesca est enlevée à son époux. La scène devient belle, quoique moins belle que dans Lessing. Le soldat Lombalii vient demander à Mathilde. ; « Qu'as-...