Extrait du journal

Comptez sur vos doigts les réformes que la Ré publique a faites ou a tentées , les bonnes ou les mauvaises, peu importe : les réformes du système électoral, .les réformes des impôts, les réformes en matière civile et en matière criminelle, y en a-t-il une seule qu'un ministère libéral n'aurait pas pu accomplir ? L'ancien instrument se prétait à tous les progrès. Nous avouons que parmi les réformes que la révolution de Février a opérées, il yen a beaucoup qu'un ministère libéral n'aurait pas faites ; mais c'est parce qu'il n'aurait pas voulu les faire, c'est parce qu'il n'aurait pas cru pouvoir en supporter la discussion devant les Chambres. Et cela est si vrai, que la plupart de ces réformes, nous parlons des mauvaises et des' chimériques, datent du temps de la dictaturq, c'est-à-dire du temps où rien ne se discutait. Disons donc avec M. Goudchaux : « La révolu tion de Février a été faite trop tôt » ; car n'ayant pas eu le temps de préparer ses hommes et idées nouvelles, elle n'a eu à donner au pays que ce qu'aurait pu lui donner la monarchie constitu tionnelle , et la République a eu cet inconvénient d'être forcée de vivre sur le vieux fonds du régime qu'elle abolissait. Elle n'a .pas eu sa cause suffi sante de naître ; elle n'a pas eu de quoi remplir son nom. Premz ce qu'elle peut raisonnablement, ce qu'elle doit aux anciens griefs du pays contre le gouvernement déchu -, elle a la taille et les res sources d'un ministère libéral, rien de plus. Prenez son nom et ses parqles : elle a la prétention irréa lisable et .aujourd'hui avortée d'une société et d'un gouvernement nouveaux. Cette grande attente , excitée par la révolution de Février et suivie aujourd'hui d'un grand dés appointement , explique les étranges candidatures dictatoriales que la^République a été forcée de prendre au sérieux.* Ce sera dans l'histoire une triste page pour la République que d'avoir pu ren dre un instant vraisemblable la dictature de M. Louis Bonaparte. On y a cru. Quel succès pour M. Louis Bonaparte! Noué nous liàtons de dire qu'il n'est, pour rien dans ce succès. Les fautes de la révolu tion, de Février ont seules fait la vraisemblance de la dictature impériale de juin. Les malades las se retournent dans leur lit. Les peuples qui ne sont pas gouvernés, et c'est une...