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Journal des débats politiques et littéraires, 2 novembre 1937

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Journal des débats politiques et littéraires
2 novembre 1937


Extrait du journal

Voyons maintenant l'autre panneau, l'Espa gne encore sous la domination rouge. La disette et la famine sont si généralisées à Barcelone et sur le front que l'on nourrit parfois les soldats avec le lait condensé que l'on reçoit, ou qu'on avait gardé, pour les bébés non sevrés. Le kilo de bonne viande vaut 60 francs français. La douzaine d'oeufs vaut 40 pesetas. Et les légumes, ces légumes que donnaient à profusion les jardins potagers des environs de Barcelone, non seulement sont à des prix que jamais l'on n'aurait cru pos sibles en un pays de soleil, mais manquent la plupart du temps sur le marché. Il est fré quent de voir des femmes s'évanouir dans la rue, par suite du manque de nourriture. Pendant ce temps, des miliciennes passent, dans les voitures à chevaux, qui remplacent les taxis depuis longtemps disparus faute d'es sence, encore grasses, nourries aux soupes militaires et parées des manteaux de fourrure pris au cours des « visites domiciliaires » or données par tel ou tel comité. Les petits com merçants ont été dépouillés de tout ce qu'ils avaient. Et ils doivent laisser leurs ex-em ployés vendre et encaisser la liquidation de nouveaux stocks faits par eux avec l'argent du compte en banque de leur patron. Le nombre des enfants en bas âge qui meurent, faute de lait ou de médicaments, est énorme. Mais tel conseiller socialiste, M. Domenech, a acheté une villa dans les Pyrénées-Orien tâles où il est à l'abri. Mais M. Casanellas dé clare à Bruxelles « que la situation est per due » et qu'il faut préparer la retraite des vaincus. Des gens envoyés en Belgique pour achat de matières premières : charbon, fer, etc..., ne veulent plus retourner. Ils attendent la « fin des hostilités s. La désolation est complète dans les villes jadis florissantes de la Catalogne industrielle. On ne peut plus fabriquer de tissus : le coton n'arrive plus d'Egypte ni la laine d'Australie, faute d'or. La peseta rouge n'est pas reçue en paiement par les fournisseurs anglo-austra liens ou africains. Les ouvriers adressent à leur ancien patron, quand il n'a pas été tué, des suppliques qui n'arrivent pas entre ses mains parce que la censure les retient. Le « Comité d'usine » fait appeler ces camarades infidèles et les déporte fort loin sans doute, car on ne les revoit plus. La ville est lugubre. 300.000 « réfugiés » des Asturies l'encombrent, oisifs, chômeurs, qu'il faut nourrir si l'on veut éviter 'des émeutes. Sur les Ramblas, on vend les dépouilles des appartements de bourgeois, de boutiquiers, qu'on vida il y a des mois. On entend tapoter sur un piano à queue au fond d'une maison du port : le secrétaire du Comité a eu envie d'échanger sa guitare contre cet instrument de luxe qu'il se procura au cours d'une « perqui sition ». Pendant ce temps, des enfants agonisent,...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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