Extrait du journal

PARIS, 19 AVRIL. MINISTÈRE DES' FINANCES. Réunion publique pour l'Adjudication de l'Emprunt de 120 millions. Dès onze heures, les banquettes, placées des deux côtés de la salle du conseil, étaient envahies par bon nombre de curieux, moins intéressés peut-être à l'emprunt en lui-même, qu'à l'effet que son résultat pouvait produire sur la bourse d'aujourd'hui. Desagens de change, des banquiers sont arrivés à midi. Le salon dans lequel ont coutume de se réunir les soumissionnaires des adjudications ne présentait pas l'affluence ordinaire ; on en concluait déjà que les souscripteurs s'étaient réunis, et que la concurrence à laquelle on s'attendait pourrait en souffrir. M. le baron Louis, ministre des finances , sort de son cabinet, il prend place au bureau, ayant à sa droite M. le secrétaire-général du ministère des finances, et s'adresse en ces termes à l'assemblée : Messieurs , l'objet de la présente réunion , est l'adjudication de l'emprunt de 120 millions, conformément à l'ordonnance royale, et à l'arrêté du ministre des finances, dont M. le secrétaire-général va vous donner lecture. M. le secrétaire-général lit l'ordonnance et l'arrêté , dont le texte a été publié par le journal des Débats, dans son numéro du 29 mars. Il en résulte que l'emprunt sera adjugé en un seul lot, et au plus offrant la somme de rentes 5 pour cent, destinée à pro duire un capital de 120 millions. L'article 2 porte que la com pagnie adjudicataire jouira des arrérages des rentes inscrites au grand-livre à partir du sémestre commençant le 22 mars 1 851. M. le baron Louis : Je commence par déposer un paquet cacheté, contenant la déclaration du minimum du taux auquel le ministre est décidé à adjuger les renies cinq pour cent ; je suis prêt mainte nant à recevoir la proposition des souscripteurs. Une seule personne s'avance et remet sur le bureau un paquet cacheté qui est aussitôt paraphé et numéroté par M. le secretaire géuéral. M. le ministre demande s'il se présente d'autres soumission naires. (Profond silence suivi de quelques'inarques d'étonnement. ) Après avoir décacheté le paquet, M. le ministre vérifie le certi ficat du caissier du trésor , constatant le dépôt préalable d'un cau tionnement de trois millions , et trouve la pièce en règle. 11 donne ensuite lecture de la soumission....