Extrait du journal

trop à oc (pii n'est plus , pas assez à ce qui doit être. On travaille pour le passé quand il faudrait'travailler pour l'avenir. La : évolu tion s'est laite si vite ! Un si court espace de temps nous sépare d'un gouvernement de fraude et de violence! C'était hier ! Nous avons peine encore à croire à la boûne loi. et ce n'est pas là un des moindres embarras que nous ait légués le dernier règne. 11 faut le dire , le dernier règne a gâté tout ce qu'il a touché. I! a gaspillé, qu'on uous passe le mot, toutes les ressources , toutes les forces d'une belle et puissante monarchie. Que de comptes n'aurions-nous pas à lui demander? Qu'a-t-il fait de la Chambre des Pairs? Qu'a-t-il fait de la magistrature? Qu'a-t-il l'ait surtout de l'administration? Partout où il a mis la main, ou est sur de trouver une plaie. Que de temps ne faudra-t-il pas pour purifier ce qu'il a souillé et l'aire renaître la confiance éteinte ! Nous voilà cependant sous un gouvernement sage et répara teur. Tâchons donc d'oublier nos vieilles inimitiés, et raison nons dans la seule supposition possible, la seule équitable, celle que les hommes appelés aux plus hautes fonctions administratives ou judiciaires seront, en général, dignes du choix que l'on fera d'eux. Or . cela supposé , n'est-il pas clair qu'en fermant à ces hommes les portes de la Chambre, on frappe à la fois un coup irréparable sur l'administration, sur la magistrature et sur la Chambre elle-même? Croyez-vous que vos préfets et vos procureurs-généraux se tiennent fort honorés de la réprobation que vous allez faire peser sur eux ? La considération qui leur est nécessaire n'en souf frira-t-elle pas un notable dommage ? Un homme qui se sentira du talent et de l'avenir ira-t-il se consacrer à des fonctions qui lui interdiront la tribune , cette tribune qui éveille nos jeunes ambi tions , en vue de laquelle 011 travaille , on se prépare . on recherche l'estime de ses concitoyens? Ne voyez-vous pas que vous allez faire expier à une génération nouvelle de magistrats et d'admi nistrateurs les péchés de leurs devanciers , que vous établissez entre eux une injuste solidarité? Vous aurez beau dire : ce n'est pas comme indigne , et par défiance, que nous vous excluons ; c'est parce que la nature de vos louchons vous oblige à la rési dence! Cela 11e persuadera personne, et tandis que notre premier soin devrait être de rendre aux fonctionnaires la considération qu'ils ont perdue, nous perpétuerons, au détriment du bien public , la défiance et l'inimitié. Nous avilirons leur caractère qu'il faudrait relever. Voici infailliblement ce qui arrivera : Un jeune homme an nonce d'heureuses dispositions oratoires. Ce serait une conquête pour la magistrature. Oui, mais il approche de l'âge où il pourra être député. Ne croyez pas qu'il consente à s'ensevelir clans le fond d'un parquet. Il aimera beaucoup mieux briller à la Chambre que devant tnc Cour royale. Quelle singulière proposi tion que de dire à un homme : écoutez , vous avez du talent ; deux carrières vous sont ouvertes ! Voulez-vous être procureur général ? à la bonne heure. Ce sont de belles et hautes fonctions. Mais prenez garde : Par cela seul que vous les accepterez , vous voilà inéligible. Il vous est défendu d'aspirer à la plus haute récompense que vous puissiez attendre de l'estime de vos conci toyens. Voulez-vous être député? Soit 5 mais alors renoncez à la considération qui vous attendait dans l'exercice de la magistrature ! beaucoup assurément prendront ce parti. Mais croit-on que la magistrature y gagnera, qu'elle en sera plus respectée , plus forte? Des fonctions qui excluront de la Chambre , seront toujours des fonctions quelque peu odieuses. Ce que nous disons de la magistrature s'applique aussi bien à l'administration. C'est un très beau poste que celui de préfet; un homme éclairé peut y faire un bien infini. Mais n'exigez pas des hommes une modestie surnaturelle. On peut faire le bien aussi à la Chambre. et on le fait avec éclat. Les plus honnêtes gens du monde aiment assez que leur pays tout entier les sache tels. Je ne veux pas renoncer à la députation. Prenez pour administrateurs des gens qui n'aient rien de mieux à faire que de s'occuper obscu rément de la réparation des routes et des édifices publics. Les intérêts de la France à défendre ouvrent devant moi une plus belle et plus brillante carrière. Je m'y dévoue; cherchez ailleurs vos préfets. Descendez , descendez jusqu'aux petites ambitions et aux petits mérites ! Voilà donc, à coup sûr, la magistrature et l'administration privées d'un grand nombre d'hommes de talent. 11 vous en faut cependant ! Il faut des lumières et du talent pour être procureur général . pour être préfet ! Vous ne prendrez pas les premiers venus! Un bon procureur-général, un bon préfet, ne peut man quer d'être un bon député ! Offrez l'option, et vous verrez quel choix on fera. Supposez . au contraire , que ces hommes qui auraient pu re présenter dignement leur pays à la Chambre, y être utiles par leurs talons et leurs lumières, se résignent et se tiennent renfer-...