Extrait du journal

.4-t-on ic droit ? Quand un malade supplie qu'on lui donne la mort qui, seule, peut mettre fin à ses souffrances, a-t-on le droit de l'exaucer? Ce mari qui vient de tuer sa femme par tendresse, dit-il, et pour la délivrer d'un mal insupportable, a-t-il com mis un assassinat ou n'a-t-il accompli que l'acte de la plus haute charité ? On le discute : que ne discute t-on pas ! On n'entend parler que de droits, et ce qui est remarquable c'est que, tour à tour, la vie hu maine est ainsi l'objet des égards les plus minutieux et du mépris le plus complet. Jamais, en aucun temps, elle ne fut entourée de plus de ménagements et de respect : et toutefois, il suffit qu'un amant soit trahi, qu'une maîtresse soit abandonnée, pouf (ju'c l'un et l'autre aient un droit absolu qui est de se venger et de tuer : tel est du moins lè sentiment dés jurys, interprètes de l'opinion courante. Faudra-t-il dire aussi que l'affection donne aux amis d'un incura ble le droit de le supprimer, qu'elleleuren fasse même un devoir? On ne plaidera pas ici les droits souverains de la passion ; mais on n'aura pas de peine à rendre saisissant et pitoyable un des conflits les plus cruels qui puisse se déchaîner dans une âme humaine. Rien n'est si pénible que de' voir souffrir un être qu'on aime ; et quand il devient inutile de lutter contre le mal, le spectacle de cette souffrance est promptement atroce ; on en vient à souhaiter, comme le patient...