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Journal des débats politiques et littéraires, 24 septembre 1851

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Journal des débats politiques et littéraires
24 septembre 1851


Extrait du journal

PARIS, 23 SEPTEMBRE. "Les nouvelles arrivées aujourd'hui d'Amérique annoncent la fin sanglante de l'expédition de Cuba. Lopez avait été pris dans les montagnes , amené à la Havane, et avait subi sur la place publique l'af freux supplice réservé aux malfaiteurs, celui de la strangulation. Cette exécution aeu lieu le ler1er septembre. Il y avait quinze jours que Lopez et sa petite bande étaient dispersés et poursuivis dans la campagne. Ils avaient, en premier lieu, débarqué à Morillo, et avaient trouvé le pays abandonné. Lôpez avait alors laissé deux cents hommes avec le colonel Crittendcn ; ce sont ceux-là qui ont été les pre miers pris et fusillés. Lopez s'était porté, de son côté, sur las Pozas, et là encore il avait trouvé la ville entièrement abandonnée par les habitans. Attaqué par les troupes espagnoles, il les avait re poussées et était resté maître de la place. C'est dans cette affaire qu'a été tué un réfugié hongrois, le colonel Pragay. Ne trouvant de coopération nulle part, Lopez avait pris le parti de se réfugier dans les montagnes ; égaré par la trahison de ses guides, il était tombé dans une nouvelle rencontre avec les troupes. C'est, dit-on, dans cette affaire qu'aurait été tué le général espagnol Enna. Les Espagnols paraissent avoir fait, de leur côté, de nombreuses pertes. Mais, dès que Lopez ne pouvait compter sur une seule manifestation de la population, il était perdu. Aussi ne fit-il, depuis ce moment, qu'errer dans les montagnes. Il y a différentes ver sions sur la manière dont il a été pris. Les uns disent qu'il a été pourchassé et découvert par des chiens, moyen autrefois en usage dans les guerres d'Amérique. D'autres disent qu'après avoir erré pendant plusieurs jours, il entra dans une habita tion pour y demander du pain et un asile ; qu'il fut lié pendant son sommeil, et livré ainsi aux autori tés espagnoles. Ce qui paraît hors de doute, c'est qu'il était seul ou presque seul ; que lui et les débris de sa troupe avaient enduré les plus cruelles souffrances, que pendant plusieurs jours ils n'avaient vécu que des feuilles des arbres, que la dernière viande qu'ils eussent mangée avait été le cheval de Lopez qu'ils s'étaient partagé. La population, loin de prendre parti pour eux, avait été là plus acharnée à leur poursuite. Les rapports disent que les paysans les pourchassaient dans les montagnes avec des chiens. Il y a eu trois jours de réjouissances publiques à la Havane à cause de leur capture. Ce malheureux Lopez est mort bravement. Le supplice auquel il a- été condamné, §t qui est usilé en Espagne, est horrible. Le patient est lié, on lui met au cou un collier de fer, qui est serré ensuite avec une vis jusqu'à la trangulation. « Lopez, D disent les correspondances, est monté sur la » plate-forme, élevée de quinze pieds, où se trou » vait la chaise de l'exécution. Il s'est tourné vers » la foule, et a fait une courte allocution, en ter » minant par ces mots : « Je meurs pour ma chère » île de Cuba ! » Il s'est assis, on lui a passé le » collier, et au premier tour sa tête s'est penchée, » et il n'était plus qu'un cadavre. Il n'a pas montré » la plus légère Crainte; son pas était ferme et sûr, » sa voix claire et distincte. Il y a eu quelques » sifflets et quelques huées; hors cela, tout a été » tranquille. » Telle a été la fin malheureuse du chef de l'expé dition et do l'expédition elle-même. Une centaine de prisonniers doivent être envoyés aux présides d'Espagne. Le reste a dû périr dans les montagnes. Pour le moment, tout nouveau projet est sus pendu. La leçon a été cruelle. Quand on a reçu à la Nouvelle-Orléans la nouvelle de l'exécution de Lopez, on apprêtait je départ de deux bateaux à vapeur chargés d'environ 2,000 hommes. Deux bricks les avaient précédés, chargés d'armes. Tout a été suspendu ; et le gouvernement fédéral paraît prendre de tardives mesures pour empêcher toute nouvelle violation des lois internationales. JOHN LBMOINRR Voici quelques extraits des journaux américains et anglais sur les péripéties de l'invasion de Cuba : Qn lit dans le New-York Herald du tembre : a La Havane a reçu la nouvelle de la capture de Lo pez avec une Indicible joie. Le lendemain de l'arrivée de cette nouvelle, on a tiré des salves d'artillerie du matin au soir, et fait retentir l'air de vivats pour Con-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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