Extrait du journal

i 1..: J,:. , [Champel, 16 juin. Ma bonne marraine, nous ne sommes ici que depuis hier et papa va déjà mieux. Vous savez que depuis la mort de ma pauvre mère —ilyadéjàdeuxansetdemi : comme le temps court!— il était de plus èn plus triste et de plus en plus irritable ; il ne songeait plus même à ses affaires et ne voulait pas être consolé. Pauvre père ! il ne supportait plus que moi, qui ne suis pourtant que sa belle-fille! C'est que j'étais née d'elle et que j e demeurais pour lui le seul souvenir vivant de la chère morte ; je rem plaçais auprès de lui, non seulement elle, mais encore l'enfant qui n'avait pu vivre et qui,en naissant,avait coûté la vie à celle que nous pleurions tous deux, lui et moi, lui plus que moi, bien qu'il n'eût passé qu'une année auprès d'elle. Quand je suis triste, c'est-à-dire quand je suis seule je passe pour gaie aux yeux des autres, parce qu'ils ne me voient qu'avec eux et il iaut bien me faire un visage souriant pour distraire un peu mon pauvre père quand je suis.triste je vous parle, à vous, comme les idées me viennent, et je me laisse voir comme je suis —je fais sou vent cette réflexion que tout le monde est ingrat ; l'affection que nous recevons de...