Extrait du journal

La situation ainsi dénoncée est née de là guêtre. La Création du Cabinet de guerre a à peu près supprimé le principe de la solidarité ministérielle. Le premier ministre a pris l'habitude de ne plus se rendre à la Chambre des Communes que dans des occasions exceptionnelles. Selon l'expression du Times, ce système fait de lui une sorte de président de la Répu blique. Le contact n'existe plus entre le chef du gouvernement et la. Chambre, qui se plaint d'être « subalternisée ». En outre, le choix de plusieurs techniciens, pris hors du Parlement, pour diriger certains départements ministériels, n'a pas donné de très heureux résultats. Il y a là une expérience que nous ferions bien de suivre de près. On accuse ces ministres de se dérober tout à fait au contrôle par lementaire, de pousser à la dépense, d'avoir constitué et de développer encore une effroyable bureaucratie. A de rares exceptions près,, la presse tout entière réclame le retour à la pratique régulière du régime parlementaire. Elle estime que les résultats d'un système différent prou vent qu'on a eu tort d'abandonner les usages traditionnels. Le contrôle, ré pète-t-elle tous les jours, doit fonctionner de ~nouveau, Ië~ premier ministre "doit redevenir le leader de la Chambre (on sait que M. Bonâr Law le supplée dans cette fonction), bref il faut renoncer immédia tement aux mauvaises habitudes prises pendant la guerre. L'état d'esprit qui s'est révélé, dès les premières séanpes, indique que le Parle ment partage ces opinions. Il y a tout lieu de croire que, si M. Lloyd George en tient compte, il ne tardera pas à rafler- , mir son autorité. Si, au contraire, se croyant en sécurité parce que l'opposi tion n'a pas de chef, il cherchait à résis ter à un courant qui est de plus en plus fort, il pourrait rendre sa situation très difficile. 11 s'agirait alors d'une sorte de crise du régime,et la majorité un peu fac tice issue des élections de décembre 1918 , risquerait de s'effriter. Mais le premier ' ministre britannique a sans doute un sens assez vif des nécessités politiques j pour apercevoir le danger et pour y pa- j rer. ! P. B. :...