PRÉCÉDENT

Journal des débats politiques et littéraires, 28 août 1894

SUIVANT

URL invalide

Journal des débats politiques et littéraires
28 août 1894


Extrait du journal

FRANCE Incohérence administrative , Les faits que l'annonce de l'exécution de l'abbé Bruneau vient d'occasionner sont des plus regrettables. L'exécution devait avoir lieu ce matin. Le bourreau était arrivé dès hier avec les bois de jus tice. La population lavalloise était dans l'attente. Tout d'un coup on apprend que l'exécution est différée afin de permettre à l'avocat du condamné de tenter auprès de M. le Président de la République une démarche suprême. La foule est désap pointée. Les commentaires vont leur train. On redoute une mesure de clé mence. On fait entendre sous les murs de la prison des menaces et des cris. Ce n'est certes pas que nous éprouvions pour l'abbé Bruneau aucune pitié. Nous ne sommes pas autrement émus par ce surcroît d'expiation imposé à un prêtre assassin et débauché: Mais le spectacle qu'offrent en ce moment les rues de La val est par lui-même scandaleux. Le meil leur argument qu'on puisse invoquer con tre la publicité des exécutions, c'est qu'elles provoquent parmi les spectateurs une émotion malsaine. C'est cette émo tion qui aura été entretenue pendant plu sieurs jours. Ajoutez que le condamné cçtte fois est un ecclésiastique. Il ne man que pas de gens pour prétendre que la religion est intéressée dans l'affaire. On comprend aisément quelle effervescence règne lù-bâs, de quelles curiosités et de quelles passions elle* est faite. Or, rien n'était plus facile que d'éviter ces désordres. Il aurait suffi d'attendre avant de déranger le bourreau que l'avo cat eût fait une démarche qui, d'ailleurs, n'a guère chance de réussir. Il aurait suffi d'un peu d'entente et de cohésion dans les services administratifs. On nous citait ces jours derniers, dans un ordre d'idées moins lugubre, une anec dote qui témoigne d'un défaut d'entente analogue dans les sphères gouvernemen tales. Un ministre voyageait. Cela ne suffira pas à le désigner. Reçu par le pré fet, il répond à ses paroles de bienvenue en se portant garant des bonnes disposi tions du pouvoir à son égard. Quelle n'est passa surprise lorsque le lendemain il voit arriver, le visage décomposé et tout en larmes, le même fonctionnaire à qui venait d'être notifiée sa révocation ! Nous n'avons garde d'attacher à ces faits plus d'importance qu'ils n'en ont. Ils indiquent tout de même un fâcheux désarroi. Sans doute ce n'est pas une mince affaire que d'administrer un grand pays. C'est une besogne compliquée et dont le succès est sans cesse remis en question. Mais justement si l'on veut faire rentrer dans le pays ce respect de l'auto rité sans lequel il n'y a pas de gouverne ment possible, il faut faire preuve de décision dans les idées, et de suite dans la...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • tolstoï
  • napoléon
  • robin
  • abd-el-azis
  • savary
  • reine louise
  • buonaparte
  • trat
  • molière
  • sarcey
  • france
  • russie
  • paris
  • maroc
  • finlande
  • elbe
  • pologne
  • japon
  • berlin
  • espagne
  • union postale
  • armée russe
  • montmorency sa
  • conseil général