Extrait du journal

Ce siècle manque de loisir. On l'avoue. On en gémit, je yQ.us écris sur ce propos et ce feuillet est tout mouillé de mes larmes. Tout le monde, autour de moi, se rue et ne cesse de regarder l'horloge ou la montre. 11 ne faut perdre aucun instant. On ne sait pas bien où l'on court, mai 9 on y court. Quelle heure est-il ? Ainsi parle Victor Hugo ou, ' du moins, l'un de ses personnages , et je veux dire Marion, Mais non, c'est'.don Carlos ! Pardon ! c'est don Carlos, sans doute, mais aussi Marion ; et l'un et l'autre, au deuxième acte d'Hernani, comme à la première scène de Marion de Lorme, demandent : « Quelle heure est-il ? » et don Ricardo répond par les mêmes deux mots que prononce aussi dame Rose : « Minuit bientôt. » Je vous avoue que si j'avais le temps, mais je vous ai déjà confié que notre siècle ignore le loisir, je ne manquerais pas de composer une anthologie de l'heure, telle qu'on la peut cueillir aux ouvrages de la littérature ; « et l'on-demande l'heure, et l'on bâille vingt fois », redirait Céli mène ; et Tartuffe, pour s'éloigner, décla rerait encore ; « Il est, Monsieur, trois heures et demie. » •- « Quelle heures est-il ? » demande à son tour Irus, qui ne parle pas autrement que Marion et le futur CharlesrQuint. Mais vous savez par cœur A quoi rêvent les jeunes filles et que Spadille répond : « Monsieur, l'horloge est arrêtée. » Est-il midi ? Leconte de Lisle nous souffle : « Midi, roi des étés, épandu sur la plaine..., et j'entends M. Paul Valéry : Midi le juste y compose de feux, La mer, la mer, toujours recommencée ! cependant que Malherbe grave son aîlê gorie : La nuit est déjà proche à qui passe midi. Où est le temps lointain des cadrans solaires, des sabliers et: des clepsydres, que...