Extrait du journal

! trées. Jusqu'à Sabara, aucun événement sérieux n'avait . encore troublé la marche de l'expédition, à l'exception ; d'une manifestation de révolte parmi les guides qui com . mençait à devenir inquiétante, lorsque M. de Castelnau parvint à rétablir l'ordre en appuyant le canon de son pis tolet sur la poitrine du plus mutin. Du reste, nos quatre compatriotes continuaient à jouir d'une parfaite santé. ■ Avant de quitter Rio, M. de Castelnau avait adressé à M. le ministre de l'instruction publique des collections destinées au Muséum. Ces objets, ainsi que quelques plantes du Brésil qu'on doit essayer de naturaliser dans notre colonie de l'Algérie, viennent d'arriver à Paris. La Gazette d'Etat de Prusse annonce officiellement jque le Roi vient de donner le titre de conseiller privé à son ministre en France, M. d'Arnim. —On écrit de Bedous (frontière d'Aragon), le 24 avril, au Mémorial des Pyrénées : « Nous avons vu passer ce matin dix déserteurs espa gnols, conduits par la gendarmerie et dirigés vers l'inté rieur. On n'est guère certain du motif de leur désertion. Cependant, d'après le récit de l'un d'eux, il paraîtrait qu'une trentaine de soldats se trouvant à boire à Camfranc (Espagne) avec un ancien militaire français, ces Espagnols se seraient plaints qu'en Espagne ils n'étaient pas payés, qu'ils étaient mal nourris et à peine vêtus, et qu'alors le Français leur aurait dit que chez nous le service militaire était bien autrement récompensé ; il lit le narré de la vie du soldat français, et termina en disant que lui « ne res terait pas vingt-quatre heures au service de l'Espagne. » Le lendemain, dix Espagnols désertaient. » On_informa sans doute l'autorité espagnole du .conseil qu avait donné notre compatriote ; on dit aujourd'hui qu'on l'a arrêté et conduit à Jaca. Sa femme, dans un état de grossesse avancée, part demain à pied pour l'Espagne. » L'exécution de Thibert a eu lieu hier sur la place Bonne-Nouvelle. Il avait trente-sept ans, et était né à Dieppe. On se rappelle que Thibert, profitant de la crédulité de vieillards de la classe la moins éclairée , se glissait auprès d eux, flattait leurs manies, leur promettait de les guérir de leurs infirmités, appelait au besoin la religion , ou plu tôt la superstition , à son aide, et qu'il finissait invariable ment par leur demander, dans le plus grand mystère, une corde de deux brasses et un fort clou, dont il promettait de leur indiquer l'usage , le soir, sans témoin. Le lende main , on trouvait la victime pendue à une poutre de son plancher ou à son mur; et, comme on ne remarquait au cun dérangement dans la chambre, qu'on ignorait d'ail leurs au juste si elle avait ou non des économies, on ap pelait la justice, on constatait un suicide, et tout était dit. , Le condamné avait fait preuve, pendant l'instruction et durant les débats, d'un sang-froid qui ne s'est démenti qu un instant dans sa prison. Quelques jours après le rejet de son pourvoi, il en eut, on ne sait comment, une vague connaissance, et c'est alors qu'ayant déchiré la lisière de sa couverture, il tenta sur lui-même la mort dont il avait atteint ses victimes. Mais la force lui manqua pour accom plir son suicide ; il fut trouvé à moitié mort par un gardien. On le transporta à l'infirmerie , qu'il n'a plus quittée qu hier, et on lui mit la camisole de foroe....