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Journal des débats politiques et littéraires, 30 janvier 1894

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Journal des débats politiques et littéraires
30 janvier 1894


Extrait du journal

trouver le roi» 11 en r.eçut encore de grands compliments; mais il lui sembla remarquer que l'accueil était plus froid. Le roi, de son côté, s'étonnait en lui même. Cela est tout à fait curieux, son geait-il. Je suis le plus heureux des princes. Une félicité idéale est dans mon île. Tous les souverains de la terre pourraient me porter envie. J'ai réalisé le rêve des plus difficiles. Pourtant, quelque chose me man que que je ne saurais définir. Une inquié tude vague me travaille... Il tenta quelques innovations. On fonda un journal. Ce journal n'eut que des sou rires pour le pouvoir et se borna à cons tater que tout était au mieux dans le meilleur des Etats. Il ne rencontra que l'indifférence.. Après, quelques numéros, il cessa de paraître. Vainement on installa des théâtres. Les Trinitaires n'y allèrent pas, préférant passer leurs soirées en famille. Des chanteuses de café-concert, qu'on avait fait venir à grands frais, s'en retournèrent, après une campagne malheureuse, très vexées. On essaya de lancer une entreprise financière. Elle échoua piteusement. On n'avait trouvé personne à corrompre. Cependant, la poussière s'amoncelait sur les cartons des officiers ministériels; car les transactions se faisaient sans qu'on eût besoin de leurs services. Les tribunaux étaient silencieux. L'herbe poussait dans la cour du Palais de Justice. Et chaque fois qu'il passait en revue ses troupes inutiles, le chef de la milice était morne. Le roi prit alors quelques mesures vérita blement tyranniques. Elles passèrent sans aucune protestation. Sur ces entrefaites, des journaux d'Europe arrivèrent à la Trinité. Le roi les dévora. Il lut que dans plusieurs pays s'étaient passés des événements considérables. Il y avait eu des émeutes et des procès retentissants. On avait dissous des Parlements. Des orateurs avaient fait appel à la révolte. La police était sur les dents. Les institutions cra quaient, les pouvoirs s'effondraient, les maisons sautaient. L'Europe recommençait à naviguer sur son volcan... En apprenant ces nouvelles, le roi se sentit en proie aux transports de la jalousie. « Au moins, pensa-t-il, ces gens-là ne s'en nuient-pas." Heureux les peuples qui ont une histoire!... » Et comme on entendait dans la càmpa -gne assoupie monter par intervalles des bruits qui venaient du côté du couchant et qui ressemblaient aux rugissements d'une bête prisonnière, le roi se souvint de Cali b'an. Ce lui fut une révélation. En, toute hâte, il fit venir son premier ministre, et il lui donna cet ordre qui le plongea dans la stupeur : « Ariel, lui dit-il, va délivrer Caliban ! » RENÉ DOUMIC....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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Données de classification
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