Extrait du journal

Qu'il y ait une conspiration permanente pour empêcher en France le travail de re prendre et l'ordre de renaître, il faut une cécité bien complète ou bien complaisante pour en douter. Et quand les faits parlent aussi haut, il faut une surdité non moins extraordinaire pour que l'écho en soit aussi tôt amorti. Les révélations du maire de Val lauris sont savamment étouffées. Qu'on jette sur elles le-manteau du silence dans les mi lieux spéciaux, c'est naturel; chacun fait-il son devoir parmi ceux qui ne sont ni com plices ni sympathisants avec les fauteurs de toutes ces vilenies préparatoires à quelque chose de pire ? Les paroles sont utiles, les actes le sont davantage. Pour remettre la paix dans la maison, il ne suffit pas d'actes isolés, il faut que partout se montre et se sente une action concertée, cohérente, froidement résolue. On arrête parfois, ici ou là, des auteurs d'atten tats contre la liberté du travail. Pourquoi parfois ? On l'a fait récemment à Lyon. Pourquoi, hier, a-t-on relâché le soir même un des meneurs qui empêchaient les non grévistes de se rendre à leur chantier ? On nous raconte qu'il était porteur d'une fronde et de silex taillés. Cet armement préhistori que, avec lequel David terrassa Goliath, est-il devenu inoffensif avec le temps ? Les grévistes ont mis le feu aux baraquements des gardes mobiles : est-ce là une gaminerie sans conséquence ?...