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Journal des débats politiques et littéraires, 31 mars 1931

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Journal des débats politiques et littéraires
31 mars 1931


Extrait du journal

L'administration des Postes a mis en circulation, à l'occasion de l'Exposition co loniale, une série de timbres d'un type uniforme qui me semble une erreur de goût et une faute de psychoiôgiè. Outre que cette tête de femme, encore peu dé gagée de la barbarie originelle, ne donne qu'une pauvre idée de nos populations d'outre-mer, la vignette elle-même, d'un aspect sombre et, semble-t-il, archaïque, évoque plutôt une brousse profonde et pri mitive, non encore éclaircie, que la lumière et la végétation des tropiques. Nulle ori ginalité dans la disposition. On sait com bien la lettre, le chiffre et le monogramme peuvent prendre, en pareil cas, une va leur décorative. Il semble que cette pauvre effigie, toujours la même en diverses teintes, ait été concédée presque à regret, avec un minimum d'invention et de coloris^ Comment se fait-il que la France, où se gravent de si jolies vignettes pour l'étranger, ne soit pas capable de retenir pour elle-même quelques modèles réussis ? Parcourez toute notre série officielle, bien rares sont les maquettes intéressantes. Gardons la « Semeuse ». Elle est jolie, quoique monochrome. Combien aurait-elle plus de charme, parcourant un champ de sinople sous un ciel d'azur où se couche un soleil d'or ! Mais ces allégories dans les bas tarifs, femmes aux ailes déployées qu'accompagne un amour nu, républiques des chargements, drapées, cuirassées, coif fées du bonnet, assises devant un bois d'oliviers où luit un vague couchant, n'est ce pas affreux, désuet, à jamais périmé ? On m'objectera les timbres spéciaux. Quand ils sont jolis, personne ne les voit, parce qu'ils sont trop chers. Tels le Port de la Rochelle à 10 francs, le Mont SaintMichel à 5 francs, ceux de la Caisse d'amortissement aux mêmes prix. Qui les achète ? Qui les reçoit ? Par contre, la pauvre Jeanne d'Arc, fade et monotone, sur.la moitié d'un cheval, découragerait ses admirateurs; Berthelot est renfrogné, Pas teur est banal, et le portique du centenaire de l'Algérie un peu vide. Comparez à cette exposition sans gloire les timbres du Maroc avec leurs ogives de dentelle s'ouvrant au pied des murs crénelés. Mieux encore, la feuille de la Syrie et du Liban, des mêmes auteurs. Ruines des temples fameux, mosquées et colonnades, vues marines et forteresses en montagne, la collection qui doit atteindre la douzaine, offre aux regards de petits chefs-d'œuvre de gravure avec un choix des mieux compris de vues représentatives. Comment, en France, pouvons-nous con server nos maquettes surannées, nous, si riches en paysages, en grands hommes, en œuvres d'art? Ecartons donc nos anti quailles allégoriques et choisissons dans les siècles tout proches parmi nos cé lébrités nationales. Agrandissons légère ment le format, comme en Belgique pour le centenaire et en Espagne pour Goya. Que chaque personnalité soit l'occasion d'un beau portrait. Nous aurons ainsi le Richelieu de Ph. de Champagne, le...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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